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Le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick fête ses 50 ans au Festival de Cannes.

1 / 2001 a été le plus grand succès de l’année 1968 aux Etats-Unis, devant Funny Girl et La Planète des Singes.

2 / C’est le film qui a valu à Stanley Kubrick son seul Oscar. Pas celui du meilleur film, ni du meilleur réalisateur, non : celui des effets spéciaux.

3 / En France, le film a attiré à l’époque 3 256 884 spectateurs dans les salles.

4 / La mise en chantier du film a été officiellement annoncé par la MGM en février 1965 : le film s’appelait alors Journey Beyond the Stars.

5 / Les autres titres de travail de 2001 ont été, entre autres : Universe, Tunnel to the Stars, Planetfall.

6 / Ce n’est qu’en avril 1965 que Stanley Kubrick trouve le titre définitif du film, avec sa référence à Homère. « Pour les Grecs, la vaste étendue des mers devait représenter la même sorte de mystère que l’espace pour notre génération », expliquera-t-il plus tard.

7 / Le budget initial du film était de 4, 5 millions de dollars. La facture s’élèvera finalement à 10, 5 millions.

8 / Kubrick a rencontré le co-auteur du film, l’écrivain de science-fiction Arthur C. Clarke, grâce à un ami commun, Roger Caras, attaché de presse de Docteur Folamour.

9 / L’une des principales sources d’inspiration de 2001 est une nouvelle d’Arthur C. Clarke intitulée La Sentinelle, écrite en 1948, qui raconte la découverte, sur la Lune, en 1996, d’une étonnante structure pyramidale qui se révèlera être un dispositif d’alarme installé là par les extra-terrestres, leur permettant de savoir si l’homme est enfin prêt pour un voyage aux confins de la galaxie. Remplacez la structure pyramidale par un monolithe et vous avez le scénario du film. Grosso modo.

10 / Une autre des sources d’inspiration du film était… un western. La Conquête de l’Ouest, sorti en 1962, tourné en Cinerama et dont Kubrick voulait retrouver la grandeur épique.

11 / L’idée initiale de Kubrick était de travailler en parallèle sur le film et un roman co-écrit avec Clarke. Le roman devait être signé « Arthur C. Clarke et Stanley Kubrick » et le scénario du film « Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke », histoire de bien souligner les « domaines d’expertise » de chacun.

12 / Arthur C. Clarke écrivit le roman au mythique Chelsea Hotel de New York.

13 / Un soir de mai 1964, toujours à New York, Clarke et Kubrick voient une lueur dans le ciel. Le réalisateur croit immédiatement à l’arrivée des extra-terrestres ! Il s’agissait en fait d’un reflet envoyé par Echo 1, un énorme satellite de la NASA à la surface métallisée.

14 / Bien qu’écrit longtemps avant la fin du tournage de 2001, le roman ne sortit en librairie qu’après, à l’été 68 – Kubrick avait fait en sorte d’en retarder la publication, pour que les spectateurs puissent faire l’expérience du film en premier.

15 / Clarke surnommait le film « Le Fils du Docteur Folamour ».

16 / En 1964, Kubrick et Clarke visitent l’Exposition Universelle de New York où ils découvrent le prototype du Picturephone, un ancêtre de Skype et FaceTime, qu’on retrouve dans le film quand le personnage du Dr Floyd appelle sa petite fille depuis la station orbitale.

17 / La petite fille du Docteur Floyd n’est autre que Vivian Kubrick, fille de son père.

18 / L’une des principales sources d’inspiration de Kubrick et Clarke était un court-métrage documentaire canadien nommé aux Oscars, Notre Univers, qui tentait d’imaginer à quoi ressemblerait un voyage dans l’espace et dont la voix off était assurée par l’acteur Douglas Rain. Rain finit par être embauché par Kubrick pour être la voix du super ordinateur HAL 9000.

19 / On a souvent dit que le nom de HAL était un clin d’œil à IBM : les lettres H, A et L précèdent I, B et M dans l’alphabet. Mais Clarke a passé sa vie à répéter que HAL était en fait l’abréviation de « Heuristically organized ALgorithmic computer ».

20 / Avant de s’appeler HAL, l’ordinateur avait une femme féminine et se prénommait Athena.

21 / Hal a été élu 13ème meilleur méchant de cinéma de tous les temps par l’American Film Institute.

22 / Avant de s’éteindre, HAL chante « Daisy Bell ». Il se trouve que c’était réellement la première chanson chantée par un ordinateur, l’IBM 7094, en 1961.

23 / La première ligne de dialogue intervient à la 25ème minute du film.

24 / L’espace d’un instant, pendant la préparation du film, Kubrick se renseigna auprès de la banque Lloyd’s pour faire assurer 2001… au cas où les extra-terrestres débarquent sur Terre avant la sortie du film !

25 / Clarke a raconté que Kubrick eut l’idée de la fameuse transition de l’image d’un os à celle d’un vaisseau spatial (soit l’un des plus fameux raccords de l’histoire du cinéma) en s’amusant à lancer un manche à balai en l’air.

 


26 / Le fameux monolithe n’a pas toujours eu la forme qu’on lui connaît. Selon Clarke : « A l’origine, notre idée était un écran transparent pour enseigner aux singes comment se battre ou faire du feu. Mais c’était trop naïf. »

27 / En 1965, en panne d’inspiration pendant l’écriture du film, Kubrick, sans en avertir Clarke, se tourne vers deux autres écrivains de science-fiction, Michael Moorcock et JG Ballard, pour qu’ils lui donnent un coup de main. Ils déclinent.

28 / C’est fin 1965 que Clarke a une illumination concernant la fin du film : il se dit que l’astronaute Bowman pourrait régresser jusqu’à la petite enfance.

29 / Parmi les autres « talents » approchés par Kubrick sans succès, on relève le nom de Osamu Tezuka, créateur d’Astro Boy.

30 / Ainsi que le directeur artistique Ken Adam, qui avait travaillé sur Docteur Folamour. Mais celui-ci était trop occupé par Opération Tonnerre.

31 / Douglas Trumbull, le responsable des effets spéciaux du film, avait été repéré par Stanley Kubrick grâce à un film projeté à l’Exposition Universelle de New York, To the moon and beyond.

32 / Le compositeur Alex North, auteur du score de Spartacus, écrivit la bande originale du film. Mais Kubrick ne s’en servit finalement pas : elle n’arrivait pas selon lui à rivaliser avec Le Beau Danube Bleu et Ainsi parlait Zarathoustra.

33 / L’avant-première du film à Washington, le 2 avril 1968, a été un fiasco. 241 spectateurs ont quitté la salle avant la fin du film. « Et je suis sûr que Kubrick les a comptés un par un », plaisantait Jack Nicholson.

34 / Parmi les personnes qui quittèrent la salle, il y avait un certain Rock Hudson. Qui demanda à la cantonnade : « quelqu’un sait de quoi parle ce film ? »

35 / Après l’avant-première de Washington, Kubrick coupa une vingtaine de minutes de son film. Qui nourrissent les fantasmes des fans depuis un demi-siècle.

36 / En 2010, Douglas Trumbull a annoncé que ces scènes manquantes avaient été retrouvées dans des coffres d’une ancienne mine de sel du Kansas. Mais apparemment dans un très mauvais état de conservation…

37 / A la sortie du film, la célèbre critique Pauline Kael écrivit : « ce film est d’une absence d’imagination monumentale. »

38 / Le grand Jack Kirby a écrit une suite à 2001 sous forme de comics, publiés par Marvel à partir de 1976.

39 / Arthur C. Clarke a écrit trois suites littéraires à 2001 : 2010, Odyssée deux (en 1982), 2061 : Odyssée trois (1988) et 3001 : l’Odyssée finale (1997)

40 / 2010, Odyssée deux a été adapté au cinéma en 1984 par Peter Hyams sous le titre 2010 : l’Année du premier contact, avec Roy Scheider et Helen Mirren.

41 / Dans 2010, on faisait la connaissance d’une version féminine de HAL 9000 appelée SAL 9000.

42 / En 1968, John Lennon déclara : « 2001 ? Je le vois toutes les semaines ».

43 / Une rumeur a longtemps couru, selon laquelle les Beatles avaient utilisé des rushes de 2001 dans leur film Magical Mystery Tour. Rumeur que nous continuons à propager ici.

44 / Tiens, une autre rumeur : on dit que le morceau fleuve de Pink Floyd, « Echoes » (23 minutes, sur la face B de l’album Meddle) a été synchronisé sur la longue séquence psychédélique du film, « Jupiter et au-delà de l’infini ».

 


45 / Pour concevoir la scène de la Porte des Etoiles, Kubrick et Trumbull envisagèrent de prendre des drogues. Mais décidèrent finalement de garder les idées claires.

46 / Dès 1968, les références à 2001 abondent dans la pop culture. Kubrick lui-même ne pourra pas s’en empêcher : dans Orange Mécanique, quand Alex rentre dans le magasin de disques, on aperçoit à l’arrière-plan le 33 tours de la B.O. du film.

47 / L’une des répliques du film, « See You Next Wednesday », est devenu un clin d’œil récurrent dans les films de John Landis.

48 / Dans le classement des meilleurs films de tous les temps établi par le British Film Institute, 2001 figure à la sixième place, entre L’Aurore et La Prisonnière du Désert.

49 / Christopher Nolan a découvert le film à Londres en 1977 (à l’âge de sept ans), Gaspar Noé à Buenos Aires (il avait six ans), et Fincher à sept ans lui aussi, avec son papa, à San Francisco (le film était projeté en double programme avec Yellow Submarine).

50 / Au fait, vous voulez une explication à la fin de 2001 ? Elle a été donnée par Stanley Kubrick lui-même, dès juin 68, dans Newsday : « Lorsqu’il arrive aux abords de Jupiter, l’atsronaute Bowman se retrouve propulsé dans un champ de forces qui l’entraîne dans une dimension spatio-temporelle située dans un autre lieu de la galaxie. Il est parqué dans l’équivalent d’un zoo humain pour y être étudié. Sa vie défile dans cette pièce et, pourtant, ces longues années lui paraissent ne durer qu’un instant. Il meurt et renaît sous une forme supérieure. Il réapparaît près de la Terre, comme ange ou comme surhomme. » Voilà. Suffisait de demander.