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Citadel

Dans le remake anglophone de son propre Paranoïa Park, Bruno Mercier déplace l’histoire d’Anna, poupée désœuvrée aux mains du maître-chanteur invisible qui détient sa fille, du Parc des Buttes-Chaumont aux remparts de Besançon. Marionnettiste, le réalisateur l’est tout autant, forçant le regard du spectateur – lui aussi otage de ce huis-clos en plein air – à coup de contrastes colorimétriques qui érigent son film en objet de cinéma bizarre. L’inégal Citadel est un labyrinthe que l’on arpente en temps réel et dont la mécanique répétitive est sauvée par sa durée.

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Les Vieux

C’est avec humilité que Claus Drexel introduit son nouveau long métrage : « Au début des années 2020, nous sommes partis sur les routes de France pour écouter ceux qu’on appelle les “Vieux”. ». Pour son quatrième documentaire après Au bord du monde, America et Au cœur du bois, le réalisateur a choisi une mise en scène dépouillée : sa caméra fixe s’invite chez des personnes âgées qui n’ont d’autre point commun que d’avoir vécu assez de choses pour les raconter.

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Un jeune chaman

Un jeune chaman aussi, peut rencontrer une fille, en tomber amoureux, devenir un peu bê-bête et ne plus penser qu’à ça. La grande qualité de ce premier film récompensé à Venise réside dans le renversement des valeurs qu’il opère entre le chamanisme et un premier amour : le premier est un métier comme les autres, tandis que le second est bien plus empreint de mystère, de mystique. De là en découle une mise en scène épurée du rituel chamanique auquel s’adonne Zé du haut de ses 17 ans, tandis que tout vacillera aux côtés de Maralaa.

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Le Temps du voyage

Vingt ans après son No pasaran consacré à l’internement en France des Espagnols fuyant Franco, Henri- François Imbert s’intéresse aux Tsiganes, dont 6500 d’entre eux, bien que français, furent enfermés dans des camps par le Gouvernement de Vichy jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Et il s’appuie avec subtilité sur ce passé pour tenter de comprendre pourquoi ils suscitent toujours du rejet chez une partie de la population, au fil de témoignages passionnants et de moments musicaux et chantés renversants de beauté.

Thierry Chèze
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Sky dome 2123

La séquence d’intro de cet ambitieux film de SF animé hongrois donne le ton : une traversée de la Budapest du futur, brutalement déshumanisée, figée sous un dôme alors que la Terre est à l’agonie… Et jamais Sky Dome 2123 ne parviendra à se déjouer de l’influence évidente du Mamoru Oshii de Ghost in the Shell -et donc du Tarkovski de Stalker et Solaris- convoquée dès son démarrage et qui écrase tout le reste du film, gentiment planant mais pas assez fou ni fort pour s’en libérer.

Sylvestre Picard
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Que notre joie demeure

Cheyenne- Marie Carron s’attaque à un sujet sensible : l’assassinat du Père Hamel. La cinéaste filme d’abord le quotidien d’Hamel dont l’humilité et la miséricorde en font la réplique de l’évêque Myriel des Misérables. Et puis au milieu du film, on bascule sur le parcours d’Abdel l’un des deux terroristes. Totalement fauché, avançant à la lisière du documentaire et de l’amateurisme, le film réussit pourtant à éviter le prêche et la haine notamment en s’attardant sur la place des femmes.

Pierre Lunn
Première Affaire (2024)
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Première affaire

Lorsque Nora sort de boîte au petit matin, son patron l’appelle. Elle répond, et se retrouve envoyée sur sa première garde à vue en tant qu’avocate : ce sera sa première affaire. Très crédule, encore débutante, les débuts de la jeune avocate interprétée par Noée Abita sont laborieux. Il n’y a pas besoin d’avoir passé le barreau pour la voir commettre des fautes, se faire manipuler par un policier, bref, être une pénible et mauvaise avocate.

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Occupied city

Quelle forme cinématographique donner à l’Histoire et à la mémoire ?

Frédéric Foubert
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Notre monde

Deux ans après son premier long, La colline où rugissent les lionnes, Luàna Bajrami poursuit son exploration de la jeunesse kosovare, son pays natal. Mais elle met ici le cap sur 2007, une année de bascule pour ce territoire avant d’accéder à l’indépendance. Sa belle idée est de faire coïncider l’aspiration à la liberté de tout un peuple avec celle de ses deux jeunes héroïnes (Albina Krasniqi et Elsa Mala, magnétiques) qui quittent leur village pour intégrer la fac de Pristina. De mêler donc récit initiatique et chronique politico- sociétale avec un parfait sens du dosage.

Thierry Chèze
N'avoue jamais (2024) affiche
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N'avoue jamais

Son adaptation transparente de sa propre pièce La Dégustation, Molière de la meilleure comédie 2019, en a apporté la preuve flagrante. Le théâtre est le lieu d’expression privilégié d’Ivan Calbérac, alors que d’Irène à Venise n’est pas en Italie, ses films n’ont jamais imprimé le grand écran. Ce N’avoue jamais, l’histoire d’un septuagénaire dont le sang ne fait qu’un tour quand il découvre que sa femme l’a trompé 40 ans plus tôt, le confirme.

Thierry Chèze
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Marilu- rencontre avec une femme remarquable

Marilù s’ouvre sur les planches, et déjà les regards sont braqués sur l’exubérante Marilù Marini, d’une expressivité folle. Née en Argentine d’une mère prussienne et d’un père italien, elle a toujours été un électron libre. De ses premiers pas de danseuse à Buenos Aires jusqu’à l’exil qui l’amènera sur la scène française, d'abord remarquée chez Alfredo Arias dont elle deviendra l’égérie, avant de passer indifféremment des pièces sulfureuses de Copi aux drames de Siméon ou de Beckett. C’est le théâtre qu’elle a choisi comme pays.

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Le Mangeur d'âmes

Des enfants qui disparaissent au cœur des Vosges, une légende occulte qui pourrait avoir un lien avec l’affaire, deux enquêteurs rattrapés par leurs traumas… Alors que le cinéma de genre français fait actuellement peau neuve, il y a, dans cette adaptation d’un roman d’Alexis Laipsker, un air de déjà (beaucoup) trop vu, tant dans le récit que sa mise en images, plombés en outre par une direction d’acteurs plus qu’aléatoire. On a hâte que le duo Maury- Bustillo retrouve le mojo de leur premier long, A l’intérieur.

Thierry Chèze
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Bushman

Ce long-métrage de 1971 inédit en France est le prolongement direct du documentaire, Give me a riddle où le cinéaste américain David Schickele faisait la rencontre de Paul Okpodam, un jeune Nigérian bientôt pris dans les rets de la guerre civile de son pays. Bushman est l’errance du même Paul désormais exilé à San Francisco en 1968. On le voit dès les premières minutes une chaussure en équilibre sur sa tête marchant tel un hobo dans les faubourgs du quartier de Fillmore.

Thomas Baurez
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L'Echappée

S’exiler sur une île grecque coupée du monde, chercher à devenir invisible autant aux yeux des autres que de soi-même, voilà le quotidien de Jacqueline (Cynthia Erivo, d’une fragilité ahurissante). Une certaine douceur émane de l’errance de cette femme, ni vraiment touriste, ni vraiment locale, dont les souvenirs qui ressurgissent par fragments tentent d’éclairer progressivement la raison de sa désolation.

Lucie Chiquer
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Le Déserteur

Tourné plusieurs mois avant les attaques meurtrières du 7 octobre 2023, le deuxième long métrage de Dani Rosenberg (déjà réalisateur de La Mort du cinéma et de mon père aussi) fait pourtant puissamment écho à l’actuelle situation de la société israélienne. Avec ce portrait d’un soldat israélien de dix-huit ans qui déserte le champ de bataille pour tenter de rejoindre sa petite amie à Tel Aviv, le cinéaste met en scène le désir propre à sa génération de fuir autant que possible la violence dans laquelle est depuis longtemps plongé le pays.

Damien Leblanc
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Challengers

Depuis Call me by your name, entre un remake en toc de Suspiria et une romance anthropophage indigeste (Bones and all), l’étoile de Luca Guadagnino a pâli. Une chute libre que vient enrayer ce Challengers. On y suit Tashi, ex- prodige du tennis devenue, après une blessure qui a mis fin à sa carrière, la coach de son mari, champion en perte de vitesse, dont la tentative de retour passe par des retrouvailles et une victoire face à son ancien meilleur ami qui n’est autre que… l’ex de Tashi. Deux garçons, une fille, trois possibilités donc.

Thierry Chèze
Back to Black
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Back to black

Amy Winehouse (1983 – 2011) appartient aux fameux Club des 27 (Hendrix, Joplin, Morrison, Cobain…) sans que l’on sache très bien ce que ce signe entend nous dire. Le doc. d’Asif Kapadia sur la chanteuse (Amy, 2015) ayant largement fait le job, on pouvait légitimement se demander ce qu’une mise en fiction allait apporter de plus. D’autant que contrairement à ses collèges des 27, sa vie balisée à l’air des réseaux sociaux avait été suivie en quasi direct.

Thomas Baurez
Monkey Man : affiche française
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Monkey man

L’homme-singe, c’est Dev Patel. Ou plutôt le “Kid”, combattant clandestin qui court après le rêve de voir couler le sang des assassins de sa mère : un flic véreux et un gourou en plein power trip. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil asiatique ; une vendetta comme on en a déjà vu chez Park Chan-wook ou Kim Jee-Woon. Pourtant, Dev Patel fait de ce premier essai le terrain de jeu parfait pour ses expérimentations.

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Jouj

Halim et Mounir, deux musiciens de seconde zone, mettent par hasard la main sur un cahier qui réalise les vœux qu’on y inscrit. Un jour, Mounir fait accidentellement disparaître tous les hommes de la Terre. Jadis souffre-douleurs de leurs pairs, les deux compères, derniers spécimens d’un genre sur le point de s’éteindre, voient tous les regards (féminins) se braquer sur eux. Une sorte de Death Note à la sauce marocaine, en somme, mais dont on a du mal à retenir quelque chose. Le film peine à décoller et n’atteint jamais vraiment son altitude de croisière.

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Spy x family code: white

Même si cet anime fait de gros efforts pour vous expliquer ce qu’il est, il s’adresse quand même aux fans du matériau d’origine : un manga à succès (13 tomes parus en français) sur un couple de super-espions sous couverture, dont chacun ignore que l’autre est un agent, sous le regard de leur petite fille adoptée capable de lire dans leurs pensées.

Sylvestre Picard
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Riddle of fire

Trois gamins à moto, une mère malade, une méchante sorcière à la tête d’un gang de braconniers et une petite fée… Les ingrédients sont nombreux et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur Weston Razooli ne manque pas d'imagination pour composer ce conte d’une simplicité effarante ! Ici, nos trois cool kids en quête d’amusement proposent à leur maman malade de troquer le mot de passe de la télévision contre une tarte aux myrtilles. Problème : il n’y en a plus à la boulangerie. Ils se mettent du coup en tête de réaliser le fameux gâteau eux-mêmes.

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Resilient man

C’est l’histoire d’une reconstruction a priori vouée à l’échec. Le combat quotidien que s’inflige pendant deux ans Steven McRae, danseur étoile du Royal Ballet de Londres, après une grave blessure au tendon pour revenir au niveau qui était le sien avant de s’effondrer sur scène. Au plus près de son sujet dans les moments d’abattement comme dans ceux où l’espoir renaît, Stéphane Carrel signe un documentaire viscéral capable de parler aux spécialistes comme aux profanes. Il y a du Rocky dans ce Resilient man.

Thierry Chèze
Marins des montagnes affiche
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Marin des montagnes

Vous aviez adoré La Vie invisible d’Euridice Gusmao, le sublime mélo de Karim Aïnouz et son boursouflé Le Jeu de la Reine, sa première réalisation de prestige en langue anglaise, vous est quelque peu resté sur l’estomac ? Alors précipitez- vous sans attendre découvrir ce Marin des montagnes où Aïnouz renoue avec la finesse et la sensibilité qui font le sel de son cinéma. Dans ce documentaire à la première personne, il entreprend un voyage, son premier, en Algérie, le pays natal de son père.

Thierry Chèze
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La Machine à écrire et autres sources de tracas

Nicolas Philibert clôt ici en beauté une trilogie qui restera un marqueur dans sa carrière. Un voyage en psychiatrie entamé avec Sur l’Adamant, cette péniche parisienne qui offre un cadre de soins et des ateliers culturels à des patients en souffrance psychique puis Averroés et Rosa Parks, centré sur des échanges entre soignants et malades. Ici, le réalisateur s’intéresse aux visites que font les soignants du même pôle psychiatrique de Paris Centre aux domiciles de trois patients empêtrés dans des soucis domestiques.

Thierry Chèze
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La Machine à écrire et autres sources de tracas

Nicolas Philibert clôt ici en beauté une trilogie qui restera un marqueur dans sa carrière. Un voyage en psychiatrie entamé avec Sur l’Adamant, cette péniche parisienne qui offre un cadre de soins et des ateliers culturels à des patients en souffrance psychique puis Averroés et Rosa Parks, centré sur des échanges entre soignants et malades. Ici, le réalisateur s’intéresse aux visites que font les soignants du même pôle psychiatrique de Paris Centre aux domiciles de trois patients empêtrés dans des soucis domestiques.

Thierry Chèze
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Le Jour où j'ai rencontré ma mère

Lu, onze ans, coule une existence plutôt paisible dans son foyer d’accueil hollandais entourée d’enfants et de Henk, son serpent de compagnie. Un soir, sa mère disparue revient la chercher. Fard à paupière bleu ciel, short en jean et santiags de cow-boy aux pieds, Karina est une excentrique. Elle embarque sa «kiddo» sans demander l’autorisation pour sa maison natale en Pologne, où sa mère a planqué de l’argent. Avec ça, elles pourront s’acheter une maison et être heureuses ensemble.

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Knit's island- L'Île sans fin

Une immersion cinématographique fascinante dans le monde du virtuel à travers une balade dans un espace de 250 km2 au cœur du jeu vidéo survivaliste Dayz à la rencontre des gamers qui s’y sont créé des personnages pour fuir leur réalité et s’en créer une autre. Si leurs témoignages racontent avec pertinence ce besoin de recréer autrement un lien social désormais aux abonnés absents, c’est par sa mise en scène, cette manière de faire du cinéma avec les codes du jeu vidéo que ce documentaire impressionne.

Thierry Chèze
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L'Île

En 2022, Damien Manivel (Un jeune poète) a réuni en Bretagne sept ados pour répéter un film traitant du basculement à l’âge adulte, le temps d’une dernière soirée d’été avant que la vie ne les éloigne. Ce projet prévu sous la forme d’un plan séquence n’a jamais vu le jour. Mais il a eu la belle idée de transformer ces répétitions en film qui épouse, plus qu’une pure fiction, le bouillonnement de cet âge combiné à celui de ses jeunes comédiens avides de création. Et celui qui a pu se perdre dans trop de cérébralité signe son oeuvre la plus vibrante.

Thierry Chèze
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Ici et là- bas

Sékou travaille comme commercial à Paris pour une chaîne d’hypermarchés. Au moment où, pour la première fois, il va devoir aller en région à la rencontre de ses fournisseurs (et se heurter au racisme), débarque un de ses lointains cousins (blanc!) tout juste expulsé du Sénégal… A l’image du titre, il y a deux films dans Ici et là-bas. Le meilleur ? Le buddy movie qui confronte le jeune noir français, parfaitement intégré, mais constamment ramené à sa couleur de peau à l’adulescent blanc qui se vit sénégalais. Le moins bon ?

Pierre Lunn
Hopeless (2023)
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Hopeless

Si la violence sanglante d’une partie du cinéma sud-coréen est quasiment devenue un cliché de discussions cinéphiles, Kim Chang-hoon réussit avec son premier long à porter un regard neuf et personnel sur le polar local en filmant avec fracas la brutalité qui ronge deux individus de l’intérieur. L’alliance inattendue entre un adolescent en détresse qui subit les coups d’un beau-père alcoolique mais rêve d’exil européen et le chef d’une organisation criminelle qui a une vision désenchantée de l’existence va ainsi faire des étincelles au cœur d’une petite ville coréenne sans âme.

Damien Leblanc