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Les Prières de Delphine

Avec Mambar Pierrette (l’histoire d’une couturière de Douala qui se fait voler sa machine) et Les Prières de Delphine (un documentaire suivant l’arrivée en Belgique d’une jeune Camerounaise en quête d’un avenir), Rosine Mbakam, découverte à la Quinzaine des cinéastes l’an passé, s’impose immédiatement comme une voix puissante du cinéma contemporain. D’abord, pour la qualité avec laquelle elle parvient à mêler documentaire et fiction, la matière originaire du réel étant transcendée par l’originalité de ses dispositifs cinématographiques.

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Mambar Pierrette

Avec Mambar Pierrette (l’histoire d’une couturière de Douala qui se fait voler sa machine) et Les Prières de Delphine (un documentaire suivant l’arrivée en Belgique d’une jeune Camerounaise en quête d’un avenir), Rosine Mbakam, découverte à la Quinzaine des cinéastes l’an passé, s’impose immédiatement comme une voix puissante du cinéma contemporain. D’abord, pour la qualité avec laquelle elle parvient à mêler documentaire et fiction, la matière originaire du réel étant transcendée par l’originalité de ses dispositifs cinématographiques.

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Ma part de Gaulois

Libre adaptation du roman autobiographique de Magyd Cherfi (membre fondateur du groupe Zebda), le nouveau film de Malik Chibane, qui réalisa entre autres Douce France en 1995, suit le parcours de Mourad, adolescent à la vie familiale haute en couleurs qui entreprend d’obtenir son bac général au début des années 1980. En s’inspirant de la comédie italienne et de ses situations poussées à l’absurde, le cinéaste réussit un joyeux traité d’émancipation qui décrit la prise de confiance d’un enfant d’immigrés algériens développant sa créativité dans le Toulouse de 1981.

Damien Leblanc
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Les Lueurs d'Aden

Discret, le cinéma yéménite continue d’être entravé par des décennies d'instabilité politique. Pourtant, quelques-uns osent aujourd’hui s’y aventurer. Amr Gamal en fait partie. Déjà en 2018, avec 10 Days Before the Wedding, il s’attaquait aux conséquences de la guerre sur un couple désirant se marier. Cette fois-ci, dans Les Lueurs d’Aden, un couple déjà marié cherche à se faire avorter, ne pouvant assumer un quatrième enfant.

Lucie Chiquer
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La Ferme des Bertrand

Après plusieurs aventures au côté de François Ruffin et un passage moins convaincant par la fiction avec Reprise en main, Gilles Perret revient aux fondements de son cinéma, comme une évidence. Dans La Ferme des Bertrand, le cinéaste-documentariste filme un monde rural harmonieux, trouvant la distance parfaite entre les difficultés qu’endure la sphère de l’agriculture et ses progrès mirobolants dans le développement de la technologie, qui permet d’économiser les forces tout en ouvrant la porte à de meilleurs rendements.

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L'Etoile filante

Un barman vivant clandestinement depuis son implication dans un attentat, traqué par une de ses victimes, croit trouver son salut dans sa rencontre avec son sosie, homme dépressif, qu’il fait passer pour lui… sans se douter que l’ex- femme de ce dernier, détective, va se mettre à sa recherche. Vous l’aurez compris, les quiproquos en tout genre constituent le cœur battant du nouveau film du duo Abel et Gordon.

Thierry Chèze
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Le bonheur est pour demain

Laetitia Casta fête ses 25 ans de cinéma en tenant le rôle central du troisième long de Brigitte Sy : la femme d’un petit voyou dont le quotidien morne va soudain s’éclairer grâce à un coup de foudre. Sauf que le nouvel élu de son cœur (Damien Bonnard) n’a rien d’un prince charmant. C’est un braqueur qui, dans la foulée va être condamné à une lourde peine de prison. Brigitte Sy connaît bien l’univers carcéral. Elle l’avait déjà mis en scène dans Les Mains libres, inspiré par sa propre vie. Sa maîtrise du sujet offre un écrin parfait à cette histoire d’amour passionnelle.

Thierry Chèze
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Amelia's children

Un homme d’une trentaine d’années, orphelin depuis sa naissance, découvre sur le tard qu’il a un frère et une mère. Il part à leur rencontre, dans leur grande demeure au fond des bois, où semblent se dérouler des choses pas très catholiques… Gabriel Abrantes, co-réalisateur de Diamantino en 2018, s’essaye à l’horreur. La chevelure très voyante qu’arbore l’acteur Carloto Cotta quand il se dédouble pour jouer son frère jumeau est sans doute censée nous dire qu’il ne faut pas prendre tout cela trop au sérieux.

Frédéric Foubert
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A man

Nouvelle étoile du cinéma japonais, le quadragénaire Kei Ishikawa a été multi-primé aux derniers Japan Academy Prize pour ce captivant film qui débute comme un tendre récit sentimental avant de virer au vertigineux thriller psychologique. Suite à la disparition de son époux, une jeune femme découvre en effet que celui-ci avait menti sur son identité et elle engage un avocat d’origine coréenne qui va lui-même se heurter à la complexité des quêtes identitaires.

Damien Leblanc
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Léo, la fabuleuse histoire de Leonard de Vinci

2023 a été peuplée de tels sommets d’animation en tout genre (de Mars express à Mon ami robot en passant par Linda veut du poulet !) que la barre de nos attentes a encore monté d’un cran. Mais ce Léo n’a pas à rougir de la comparaison.

Thierry Chèze
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They shot the piano player

1976, 2 heures du matin, Buenos Aires. Le pianiste brésilien Francisco Tenório Jr, précurseur de la Bossa Nova, sort acheter un sandwich (ou bien était-ce un paquet de cigarettes ?). Puis il disparaît, se volatilise sans laisser de traces, six jours avant le coup d’état militaire argentin. Coïncidence ? Trente ans plus tard, Fernando Trueba découvre ce virtuose oublié sur un CD de musique brésilienne.

Lucie Chiquer
La Zone d'intérêt affiche
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La Zone d'intérêt

Montrer, ne pas montrer, dire ou ne pas dire, filmer ou ne pas filmer. Tourner sept fois sa caméra dans sa caboche avant de dire « action ! », Jonathan Glazer connaissait tous les pièges et il n’est de toute façon pas cinéaste à se jeter à l’abordage sans réfléchir.

Guillaume Bonnet
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Tout sauf toi

Si les héros de Tout sauf toi portent les prénoms (Beatrice et Ben) des deux personnages principaux de Beaucoup de bruit pour rien, ce n’est évidemment pas une coïncidence : depuis toujours, du moins depuis son Easy Girl, Will Gluck cherche à retremper la comédie régressive américaine (post-frères Farrelly, post-American Pie) à l’encre de la comédie shakespearienne. Très bien, mais Tout sauf toi est à des kilomètres de ce joli petit programme, et à des années-lumière de la légèreté d’Easy Girl ou du rythme cartoon des Pierre Lapin

Sylvestre Picard
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Ici Brazza

À Bordeaux, un quartier « moderne » sort doucement de terre. Des immeubles d’habitation dernier cri viennent remplacer une friche urbaine, qui servait d’abri à quelques SDF. Muni de sa caméra, le réalisateur Antoine Boulet s’attarde sur le chantier qui s’achève. L’ensemble pourrait avoir une portée sociétale (critiquer la gentrification à l'œuvre dans la métropole girondine par exemple), mais la répétition d’interminables plans fixes et silencieux donnent à ce film des allures de projet inachevé.

Emma Poesy

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Vivre avec les loups

Après La Vallée des loups et Marche avec les loups, Jean- Michel Bertrand poursuit son exploration de son sujet de prédilection. Et réussit un tour de force : parler de sa passion de manière dépassionnée, aller à la rencontre de bergers, éleveurs et chasseurs ayant des opinions aux antipodes des siennes quant au sort à réserver à l’animal dans ces montagnes où ils dévorent les brebis et laisser chacun défendre ses arguments pour ne pas servir un avis pré- mâché. Un docu pédagogique mais jamais scolaire.

Thierry Chèze
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Un été afghan

Parti en 1960 en Afghanistan pour réaliser un documentaire, James Ivory a tourné de précieuses images qui n’avaient jamais été montrées et qui restèrent dans une malle jusqu’en 2022, moment où le cinéaste - devenu entretemps un grand réalisateur, oscarisé pour Chambre avec vue - remit la main sur ces archives. Apparaissant lui-même du haut de ses 94 ans, Ivory accompagne ensuite ses images afghanes de commentaires personnels.

Damien Leblanc
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Nicky Larson- City hunter: Angel dust

Faire rencontrer les héroïnes et héros de Cat’s Eye et City Hunter n’est pas un projet si curieux que ça : les deux mangas ont le même créateur, Tsukasa Hōjō, et leurs univers se sont souvent croisés, dans les BD ou sur les écrans (Nicky Larson Private Eyes en 2019). Au-delà de ça, le film ne fonctionne pas des masses, à cause de son intrigue plutôt faiblarde et décousue, et de son animation rigide. Et entendre la voix du vénérable Akira Kamiya doubler encore Ryô Saeba (Nicky Larson en VF) à 77 ans commence à faire daté.

Sylvestre Picard
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L'Homme d'argile

Le gardien borgne d'un manoir (Raphaël Thiéry, saisissant de bout en bout) voit sa routine chamboulée par l'arrivée de l'héritière des lieux, une femme dépressive jouée par Emmanuelle Devos. Si l'on pense à Toni Erdmann dans le portrait de cet homme hors normes, rejeté e craint par les autres notamment lorsqu'il participe sans entrain aux fantasmes sexuels de sa maîtresse, il manque le grain de folie insufflé par Maren Ade pour que ce premier long un peu trop scolaire, réussisse à nous emporter.

Elodie Bardinet
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La Grâce

Il y a quelque chose de chaleureux dans ce van de fortune qui sillonne les steppes et déserts de la Russie profonde, pourtant si froids. À bord, un père et sa fille (Maria Lukyanova, magnétique), projectionnistes itinérants des provinces reculées, qui n’ont trouvé que le silence pour transporter avec eux le poids de leurs solitudes endeuillées, ponctuées par des rencontres fortuites.

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Le Club des miracles

En 1967, quatre femmes irlandaises aux vies privées cabossées partent en voyage à Lourdes, espérant qu’un miracle résoudra leurs problèmes (et, accessoirement, que leurs maris restés à la maison parviendront à se faire à manger tous seuls). Avec son pitch fleurant bon l’ode à la solidarité et ses visages d’actrices aimées sur l’affiche (Kathy Bates, Maggie Smith…), Le Club des Miracles a des airs de feel-good movie à l’anglaise (ou l’irlandaise, en l’occurrence).

Frédéric Foubert
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Captives

Captives est le troisième film français sorti au cours des dix dernières années à s’intéresser aux « hystériques » de l’hôpital de la Salpêtrière, après Augustine, d’Alice Winocour, et Le Bal des Folles, de Mélanie Laurent. Arnaud des Pallières imagine le destin d’une femme nommée Fanni, une patiente dont on va comprendre qu’elle a simulé la folie pour retrouver et sauver sa mère, enfermée depuis des années dans cet hôpital au fonctionnement carcéral.

Frédéric Foubert
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La Couleur pourpre

C'est l'une des micro-tendances du cinéma américain des studios : le serpent qui se mord la queue. A l’image de cette Couleur pourpre, adaptation d'une comédie musicale de Broadway, elle-même adaptée du film de Steven Spielberg, qui adaptait le roman d'Alice Walker. Ou du récent Mean Girls - Lolita malgré moi (notez le génie de la VF) - … adaptation cinéma d’une comédie musicale de Broadway, qui adaptait le film de 2004 avec Lindsay Lohan. Bref, mutatis mutandis, rien ne se perd, tout se transforme.

Sylvestre Picard
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Le Dernier des juifs

Décalant quelque peu le titre du roman d’André Schwarz-Bart, Le Dernier des justes, tout en reprenant littéralement celui de l’essai de Jacques Derrida, la comédie de Noé Debré (scénariste prolifique et auteur de la série Parlement), s’articule autour d’une même intuition : l’idée fixe et cruciale d’une disparition annoncée. Si la saga de Schwarz-Bart s’achevait aux portes d’un camp de concentration, le présent film, chronique contemporaine, navigue dans des eaux plus calmes.

Thomas Baurez
Affiche May December
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May december

Todd Haynes aime les actrices… qui le lui rendent bien. Aux côtés de la fidèle Julianne Moore, Natalie Portman rejoint la liste impressionnante de celles que le cinéaste a dirigées.

Thierry Chèze
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Iron claw

« Venons-en aux faits dans toute leur laideur ! », éructe le catcheur Ric Flair dans un spot télé à l’adresse des frères Von Erich. L’homme, cheveux blonds peroxydés, sapé comme un arbre de Noël exhibe fièrement ses pompes en croco turquoise symboles de sa gloire. Tout est spectacle. Tout est vrai. Tout est faux. Tout est permis. Nous sommes au mitan des eighties et au mitan du film de Sean Durkin (Martha Marcy, May Marlene). On en sait alors un peu plus sur la fratrie Von Erich, dont le cinéaste dresse la dramatique et véridique trajectoire.

Thomas Baurez
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Le Voyage en pyjama

Réalisateur depuis cinquante ans de films- culte comme Pleure pas la bouche pleine ou Les Zozos, Pascal Thomas imagine justement son nouvel opus comme un tour de piste où un prof de lettres en vacances revisite les lieux de son passé et fait l’inventaire de ses relations. Quadragénaire déjà blasé par son mariage, Victor se retrouve sans clés et en pyjama après avoir accompagné son épouse à l’aéroport.

Damien Leblanc
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La Tête froide

Stéphane Marchetti a directement puisé dans les rencontres faites pour son documentaire Calais, les enfants de la jungle (2017) - consacré aux migrants mineurs tentant de passer en Angleterre - pour sa première fiction, dont il a situé l’intrigue au seuil d'une autre frontière, entre l'Italie et la France. Florence Loiret- Caille y frappe par sa justesse.

Elodie Bardinet
Stella, une vie allemande
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Stella, une vie allemande

En interprétant Stella Goldschlag, Paula Beer essaie de s’inscrire dans la lignée des héroïnes complexes de Fassbinder. Mais ici, la subversion est comme engloutie par une reconstitution lisse et sans accrocs de l’Allemagne nazie. Si l’on ne ressent jamais l’horreur et les remords qu’éprouve cette chanteuse de jazz juive lorsqu’elle décida de collaborer pour sa propre survie, son rire lors du verdict à son procès fait office de sursaut, de ceux qui glacent le sang.

Nicolas Moreno

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Comme un Prince

Il y a bien sûr du Rocky dans cette « dramédie » sur la transmission. Il y a aussi une « vibe » british, cette pointe d'humour qui parcourt le cinéma anglais, même dans ses drames sociaux les plus poignants mais accompagné par un mélange d'humours à la française. Au pluriel, car c'est bien là qu'Ali Marhyar marque des points sur ce premier long : en mixant avec fluidité les styles particuliers de Jonathan Cohen ou de Jonathan Lambert à celui d'Ahmed Sylla, il parvient toujours à viser juste.

Elodie Bardinet
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Krisha et le maître de la forêt

Tiens, de la stop-motion coréenne ! C’est l’histoire d’une jeune fille qui doit retrouver un esprit-ours pour sauver sa maman, tandis qu’un horrible industriel veut les chasser de leurs terres ancestrales… Une micro aventure dépouillée, un brin statique, qui traite assez frontalement de ses thèmes sombres et complexes. Ceci dit, si on a moins de dix ans et qu’on ne connaît rien au chamanisme ou à l’exploitation capitaliste, c’est une chouette intro.

Sylvestre Picard