DR

Cette nuit, Boyhood a dominé la soirée des Golden Globes en remportant trois prix, dont les deux plus prestigieux : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur pour Richard Linklater, et meilleure actrice dans un second rôle pour Patricia Arquette. Un succès rare pour un petit film indépendant dans une grande cérémonie qui célèbre l'industrie hollywoodienne.

>>> Boyhood devient favori pour les Oscars

Rare, mais pas si étonnant. S'il n'a pas été vu par un très large public (petit budget, petite sortie en guise de contre-programmation au coeur de l'été, longue durée), Boyhood est pourtant un film fondamentalement fédérateur, surtout pour les Américains : la jeunesse, la famille et ses tourments, ce que ça signifie de grandir aujourd'hui aux Etats-Unis sont ses thèmes, simples. Cette chronique de l'Amérique atteint pourtant un tel degré de sincérité qu'elle touche, dans son traitement, dans ce qu'elle capte des émotions de l'enfance, des bouleversements de l'adolescence, des sentiments et difficultés des parents, à l'universalité.

Une grande majorité de critiques US l'avait déjà plébiscité, Barack Obama en avait fait son film préféré, nous à Première, l'avions particulièrement aimé. Grâce à son dispositif inédit - filmer les mêmes acteurs quelques jours par ans pendant douze ans - Richard Linklater a réussi ce que tant d'autres cinéastes ont tenté avant lui, le coming of age movie ultime, celui qui illustre le mieux le devenir adulte puisqu'il le filme vraiment, sans aucun artifice hormis celui du montage. Outre qu'il est réussi et juste, la sincérité de Boyhood en fait un objet particulièrement touchant, au potentiel affectif qui dépasse l'appréciation critique normale. Au terme de 2h45 de film, on connaît presque intimement ces personnages avec qui on vient de passer douze ans.

 

>>> Boyhood : comment réaliser un film en douze ans ?

Pas étonnant que l'Amérique s'y reconnaisse et s'y retrouve : Boyhood, c'est elle. Plus que n'importe lequel de ses concurrents aux Golden Globes, pourtant tous basés sur des histoires vraies (Selma, Foxcatcher, Imitation Game, Une merveilleuse histoire du temps).

>>> Oscars 2015 : qui a ses chances ?