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Trois cent soixante-cinq jours, soixante-treize jeux, seize trophées, un Spike Lee… Ladies and gentlemen, le podium jeux vidéo 2015.

Meilleur jeu auquel on n’a pas joué

Broforce
Qu'il avait l'air cool ce Metal Slug-like plein de pixels baveux et de jolis sprites sexy ! A force d'entendre que c'était "le meilleur multi local du moment", on avait fini par se mettre en tête qu'on tenait là le Towerfall de 2015. On se frottait les mains jusqu'à ce qu’on réalise que non, désolé, on n'achètera pas trois manettes PC supplémentaires pour goûter à toutes ces belles promesses. On aurait dû ?

Rainbow 6
L'antidote rêvé à Star Wars Battlefront, soit un gros FPS multi only débarrassé de toute tentation arcade et de pulsions bourrines. Sophistication à tous les étages, manoeuvres tactiques, patience reine, un soupçon d'austérité hautaine et notre sang-froid comme seule boussole… Étrangement, on a préféré passer nos vacances à blaster des stormtroopers.

And the winner is… Undertale
Sorti littéralement de nulle part pour finir en toute simplicité numéro 1 du classement 2015 de Metacritic, ce RPG tour-par-tour fonctionne comme une mise en abîme du genre, façon Stanley's Parable, tout en refusant la politique de la terre brûlée et en ouvrant un maximum de brèches. On peut par exemple choisir de faire ami-ami avec les boss plutôt que de leur péter la gueule. Ça a l'air tellement brillant, stimulant, exaltant, qu'on ne s'explique toujours pas pourquoi on n'a pas posé nos gros doigts dessus. Première résolution 2016 ?

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Meilleur jeu auquel on avait déjà joué

Helldivers
Une exclu Sony supra bourrine, en 3D isométrique, accessible pour une poignée d'euros et qui trouve sa grandeur dans le multi local ? Helldivers ne serait-il pas le Dead Nation de la Ps4 ? Bien sûr que oui. Et si l'engagement tactique pousse ici à un peu plus de concentration, ça se consomme toujours avec de la bière fraîche au frigo.

Halo 5 Guardians
Quelques subtiles concessions ont été faites au FPS moderne (plus de mobilité, apparition de la visée, etc) mais seuls les fans hardcore verront la différence. Ça reste Halo. Une vision hyper américaine (moche ?) du design, de la SF, de la compétition, pour un gameplay redoutablement efficace et calibré.      

And the winner is… Rise of the Tomb Raider
On n’est pas loin de l’exploitation de licence abusive avec cette suite/remake du reboot d’il y a deux ans. Mais il faut comprendre les mecs de Crystal Dynamics. Ils ont un piolet qui fonctionne du feu de Dieu, un arc multi-fonctions pour headshoter ou parcourir le terrain avec la même assurance cavalière, des tombes-puzzles à résoudre, des mini-open worlds gavés de collectibles, des armes punchy, toutes sortes de munitions aux effets ravissants… Et tous ces systèmes mis ensemble circulent merveilleusement entre nos doigts, peu importe les idioties qu’ils font vivre à cette psychopathe de Lara Croft, prête à écraser tout et tout le monde pour une vague promesse faite à son défunt papa. Quelle conne, sérieux. 

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Le David Cage Award de l’année

Until Dawn
Ça commence comme un slasher by the book, rigolo et senti, ça twiste façon Saw au milieu, avant de partir en fanfare gore surnaturelle (et grotesque) sur la fin. Incapables de tenir leur postulat de départ, les auteurs d'Until Dawn, comme leur idole David Cage, savent néanmoins mettre le paquet sur la réalisation et trouvent dans certains gimmicks de gameplay ("Ne bougez plus !") le carburant parfait pour faire ronfler le moteur de l’"expérience narrative".

Her Story
Zieuter des dizaines de video-logs dans un ordre aléatoire puis sentir le bon mot clé à tapoter dans l'impitoyable moteur de recherche pour enfin comprendre qui est cette fille et qui a bien pu tuer son boyfriend… Comme d'hab, ça commence mieux que ça ne finit (en De Palma débilos façon L'esprit de Cain) mais la force du gameplay laisse entrevoir un potentiel réellement infini. Les Her story-like vont débouler en masse, c'est dit.

And the winner is… Life is Strange
Max a le pouvoir de rembobiner le temps pour corriger ses actions et celles des autres. Traduction littérale d’un principe élémentaire du jeu vidéo (échouer, recommencer) et métaphore toute-trouvée des hoquets de l’adolescence, période de la vie où nos choix, si infimes soient-il, impliquent de grands bouleversements. Sous ses aspects de jeu d’aventures « à la Telltale », Life is Strange est d’abord un prolongement de la philosophie Cagienne. Explorer la mélancolie de l’héroïne autant que celle du joueur, découper des tranches de vies en phases de jeu, chercher de l’arborescence dans le désordre intime des personnages… Cage mieux que Cage. Mais tout aussi français.  

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Gameplay le plus positivement contre-intuitif

Bourriner dans Metal Gear Solid V
Papa Kojima nous l'a souvent répété : "Dans Metal Gear, on apprend à faire la guerre en tuant le moins possible". Sauf que dans son dernier opus magnum, la logique "open world" permet de transformer l'expérience d'infiltration tactique en bourrinage porno, puisqu'on a la possibilité de défourailler à tout va avant de filer à dos de cheval. GTA dans MGS, et pourquoi pas ?

Coffrer les ennemis dans Battlefield Hardline
Pour un FPS de carrière qui a bâti sa réputation sur sa force d’impact balistique, Hardline dégaine un gameplay limite à l’ouest. Vous avez le choix, tout au long de la campagne solo, de ne jamais presser la gâchette (!). Vous jouez un flic de série télé armé d’un flingue et… d’un badge. Flashez votre badge et le sbire affable lâche son Uzi dernier cri pour se laisser menotter. De l’infiltre dans Battlefield ! Une bonne blague. Non, vraiment.

And the winner is… Jouer seul à deux dans Resident Evil Révélations 2
Suite d’un spin off honnête de Resident Evil, Révélations 2 a été la bonne petite surprise de l’année. Super shooter, bonne frousse, meilleur « RE » depuis, pfiou… le 4 ? Capcom a bidouillé la co-op et instauré une dynamique de vigie/protecteur : Moira ouvre les portes au pied de biche et éclaire les recoins à la lampe torche tandis que Jill Valentine expédie les zombies (marche aussi avec Barry et la petite fille). En solo, vous alternez de l’un(e) à l’autre en fonction des tâches qui se présentent, d’une simple pression du pad. On comprend bien que ça cloche, que ce n’est pas fait pour être joué de la sorte. Mais ça devrait.

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Meilleur effet de style

L’explosion qui va bien (Battlefront, Juste Cause 3)
Les pluies de grenades ioniques qui s'abattent sur le désert de Tatooine (dans ce magnifique effet optique proustien qu’on appelle ‘explosion LucasFilm’) incitent à avancer à pas de loups vers la ligne de front. Dans Juste Cause 3, les bonbonnes de gaz tombent les unes sur les autres, façon effet domino, et déclenchent des explosions en étapes (la petite à l’intérieur de la moyenne, la moyenne à l’intérieur de la grande, etc) à faire pâlir les artificiers d’Hollywood. Dieu que c’est beau.

Ori and the Blind Forest
Un super platformer aligné sur Mario, Rayman et quelques autres question réactivité, précision et difficulté à se bouffer les ongles. Un solide métroïdvania aux mondes interconnectés et ouverts à l’exploration. Mais c’est la direction artistique aux accents Miyazakiens (il serait temps d’inventer un nouveau terme) qui « fait » le jeu. C’est pour elle qu’on y revient. À la Fez, Ori est un effet de style à lui seul.      

And the winner is… L’apocalypse sous ciel bleu (Mad Max, Fallout 4, Everybody Gone to the Rapture, Life is Strange etc) 
Les idées vont et viennent. Elles circulent, elles orbitent, elles sont dans l’air. Si l’on devait retenir une seule image de cette année vidéoludique, ce serait celle du héros de Fallout se promenant avec son chien sous un épais tapis de cumulonimbus. Ce serait un instantané du cadre rural et reposant de Everybody Gone to The Rapture ou un selfie de Max, capturé dans les couloirs du lycée dans une lumière de fin d’après-midi. Ou encore Max, l’autre Max, faisant rugir son V8 à travers le wasteland, sous un soleil de plomb…Ce serait l’image d’un jour d’apocalypse comme les autres, merveilleusement riant et chargé de promesses. Les corbeaux croassent et le ciel est bleu. « Oh what a day ! What a lovely day ! », indeed.

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Activité la plus satisfaisante (dans un jeu qui ne l'est pas tant que ça)

Harponner dans Mad Max  
Drame de l’open-world moderne : tellement de choses à faire, tellement d’espace pour les faire, et si peu de motivation pour s’y coller. Puisque les développeurs nous l’enseignent, on apprend donc à devenir « picky », hyper sélectif dans nos fréquentations, très particulier sur nos choix d’activité. Dans Mad Max, harponner un pauvre warboy et le traîner sur des kilomètres dans le wasteland, bon… Ouais, ça c’est rigolo.     

Le Detective Rewind Mode dans Arkham Knight
Le mode "detective" dans Arkham s’augmente ce coup-ci d’une option "Rewind" super intuitive qui permet de jouer au peeping tom à travers le passé : vous élucidez le cours des évènements à partir d’indices laissés sur les scènes de crime. Rien de tel qu’un peu de déduction pédestre pour se sentir Batou.   

And the winner is… Planer dans Arkham Knight
Les papillons dans l'estomac quand on s'élance dans le vide, le "tchouk" du bat-grappin qui file dans les hauteurs pour s'enrouler sur la pointe d'un gratte-ciel (presque le même "tchouk" que dans Batman Returns sur Sega, circa le CE1 : gros effet madeleine), la plénitude éprouvée en terminant la traversée en vol plané… Un vrai bat-pied ! Ce qui se passe en ville, deux-cent mètres plus bas ? Meh.

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Meilleur jeu à l’intérieur d’un jeu

Gwen dans The Witcher 3
Ces belles personnes de chez CD Projekt ont quand même inclus, à l’intérieur de leur épopée médiévale massive, un jeu de cartes à la Heartsone tout à fait legit et complet en termes de profondeur et d’immersion. Dans une industrie qui ferait payer le droit d’accès à la cinématique si elle avait le choix, The Witcher 3 est ce cadeau insolite qui donne, qui donne, et n’arrête pas de donner. 

And the winner is… Les colonies dans Fallout 4
Un Russe vient de porter plainte contre Bethesda parce que Fallout 4 a foutu sa vie professionnelle et privée en l'air. Si ce type a pensé que ce jeu valait plus que tout le reste, ce n'est pas seulement parce qu'il appréciait la chasse aux mutants radioactifs en terres arides. Non, c'est parce que, comme nous, le principe de la colonie (la bâtir, l’aménager tout-confort, y rameuter un max de gens pour se livrer à des teufs post-apo) l'a rendu fou à lier. Consacrer des nuits entières à la recherche d’un matériau rare devant servir à la construction d’un fauteuil en rotin du plus bel effet, c'est aussi ça le génie fragile de Fallout 4.

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Meilleur compagnon à quatre pattes

Ablette dans The Witcher 3
Saloperie de putain de cheval. Crevure de canasson de merde… C’est en général en ces termes peu amènes que l’on s’adresse à Ablette tandis qu’il galère sous un pont ou qu’il fait le pied de grue derrière deux gros boulots de l’autre côté d’une barrière en bois. Même après les updates censés améliorer sa détection, il a continué à se comporter comme un connard. Un bug irréparable ? On préfère penser qu’il a du caractère.

D-Dog dans Metal Gear Solid V
Ce toutou-là a des arguments à revendre. Ok, il ne sert pas à grand-chose face aux Skulls, l'armée de soldats-zombie qui vaut au Boss ses premiers vrais emmerdements. Mais puisqu'on l'a recueilli bébé dans les dunes afghanes, on est déterminé à le voir grandir à nos côtés, et en un seul morceau. 

And the winner is… Canigou dans Fallout 4
On s'est farci un certain nombre de sidekicks quadrupèdes ces derniers temps, et avouons-le : un chien n'a théoriquement rien à faire au milieu d'un gunfight. En plus, si vous lui mettez une balle par mégarde, vous perdrez en général des points dans sa jauge de confiance et serez contraints de lui faire mille papouilles pour les regagner. Mais Canigou, le little hobo de Fallout 4, surgit dans un monde mis à sac : il est l'une des rares entités mouvantes garantie sans toxicité. Ça suffit à nous le rendre indispensable.

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Pire (R)évolution de gameplay

La batmobile
Une jolie tuture, au cas où quelques cinglés préfèreraient visiter Gotham sur le plancher des vaches plutôt que dans les airs. C'était parfaitement inutile, presqu'un contresens, mais on est en démocratie les gars, vous faites ce que vous voulez. Ce qui n'est pas démocratique, c'est de nous obliger à conduire cette foutue bagnole à la physique bancale dans la moitié des missions. Fini de planer, ok, message reçu.

Trop de générateurs de visages
Désormais, qu'on joue un basketteur, un soldat bionique ou un survivor en pleine apocalypse, la mission commence pareil : avec un relooking express offert par l'inévitable générateur de visages. C'est vaguement fascinant, un brin creepy, et surtout très cosmétique. 

And the loser is… Evolve et son gameplay asymétrique 
Tout était dans le titre. Avec cette grosse Bertha-là, on allait "évoluer", piger enfin les possibilités du fameux gameplay asymétrique, ce concept que les "hardcore" ne cessent d'expliquer aux "casuals". Dans Evolve, on pratique donc le monster bashing à cinq (quatre chasseurs aux fonctions et armes différentes + un bestiau), et personne n'a affaire aux mêmes règles ni au même gameplay (surtout pas le monstre, qui se sent très seul). Cette fausse bonne idée amène un déséquilibre notoire : suffit que la bête ait des instincts de troll et décide de se planquer, et la partie est crashée. En plus, en général, personne ne veut faire le monstre.

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Le jeu le plus révolutionnaire

FIFA 16
Elles sont enfin là, avec leur queue de cheval et leur délicieux bagage technique. On veut bien sûr parler des filles. Loin d'être une simple skin avec des joueurs aux fessiers plus arrondis, les équipes féminines de Fifa 16 (pour l'instant uniquement des sélections nationales) ravale la façade d'un gameplay qu'on croyait connaître par cœur. Fini le défi physique, place à l'audace, la vitesse et la vista. Le Girl power sur son versant le plus fun.

Super Mario Maker
Il y a environ un milliard de manières d'aimer son Mario, mais la version "do it yourself" est sans conteste la plus jouissive en date. Avec son postulat de génie (c'est toi, gamer, qui bâtis ta propre arène), Super Mario Maker réconcilie le vétéran de la première NES et le kid d'aujourd'hui accro à Minecraft.

And the winner is… Guitar Hero Live
La nouvelle maniabilité des deux colonnes à six boutons est un vrai coup de jeune, qui implique de tout réapprendre et remet immédiatement le rythm game dans la course. Contre toute-attente, le « live », avec ses acteurs surexcités et ses boucles préenregistrées, est une réussite totale, viscérale, souvent hilarante. Rien que le mode TV suffit à remporter la palme de l’innovation : deux chaînes MTVesques diffusant des clips à jouer programmés par tranches horaires. Là où Freestyle Games se surpasse, c’est avec son système de streaming vidéo on line, qui alimente constamment en nouveaux titres (nouveaux clips) sans qu’on ait à dépenser le moindre centime. Voilà. Ça, c’est le futur.

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Meilleure raison de rejouer à un jeu

Grim Fandango Remastered
Comment faisaient-ils, les gosses des 90's, pour résoudre les énigmes salement tordues imaginées par le cerveau malade de Tim Schaffer ? Aujourd'hui, évidemment c'est du tout cuit : dès qu'on bloque, on file sur wiki. Mais eux, sans Adsl, sans rien, c'était quoi leur truc ? Des héros, ces mômes, des battants. Le vrai vertige de ce remake, c'est leur abnégation.

Rare REPLAY
30 jeux, 30 euros. Ça sent l’arnaque mais non. Rare, la boîte préférée de ceux suffisamment vieux pour avoir connu la naissance des jeux vidéo, soigne son catalogue en rallongeant certains de ses plus vieux classiques (Battletoads, RC Pro AM) et en reliftant les titres 3D moins vieux (Banjo & Kazooie, Perfect Dark). Une compilation qui déboîte, c’est, hum, rare. 

And the winner is… Tearaway Unfolded
Paraissait complètement inadaptable sur une autre machine que la Vita, mais les petits génies de Media Molecule ont complètement repensé leur gameplay, substituant toute la partie tactile de l'original par une utilisation super intuitive du gyroscope de la DualShock. Comme ça, les doigts dans le nez. Sans que ça ne sente jamais le coup de mastic disgracieux. Plus aucune excuse désormais de ne pas goûter ce platformer animiste, sensible et addictif, qui reformule Miyazaki façon papier journal.

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Meilleur goodies cinéma

Until Dawn
Et vous, vous préférez quoi dans les films d'horreur ? Les slashers en cambrousse, premier degré et brutaux ? Le torture-porn post moderne qui twiste à chaque nouvelle bobine ? Ou les créatures maléfiques plongées en hibernation qu'il-valait-mieux-ne-pas-réveiller ? Vu le carton de Until Dawn, vous aimez beaucoup les trois.

Predator dans Mortal Kombat X
Qu'est-ce qui coûte cinq euros, fait l'effet d'une grosse mandale fétichiste et a sauvé plus d'une soirée de ce début d'été sans jeux et sans bons films ? Une cigarette d’héroïne ? Non, le DLC Predator de Mortal Kombat X bien sûr ! Il n’a pas une gueule de porte-bonheur mais se joue comme un rêve. 

And the winner is… Star Wars Battlefront
Et toute la planète, au même moment, fit « Piou-Piou ». La grande accessibilité du jeu témoigne du bon sens du développeur DICE, qui reconnaît à demi-mots que Star Wars appartient à tout le monde. Très bien. C’est le type de beau produit fédérateur dont l’industrie du jeu vidéo a besoin. Et pourtant, comme d’habitude, vous pénétrez le champ de bataille (lexical) de Star Wars, dans tout son fétichisme glorieux, avec le sentiment que ça ne s’adresse qu’à vous. La lueur bleutée des glaciers de Hoth, le son laser caractéristique des tirs de AT-AT, la lumière crépusculaire de l’épaisse forêt d’Endor, la manette de l’hyperdrive dans le cockpit du Faucon Millenium… Les artistes de Dice sont au moins aussi fans que vous.

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Pire goodies cinéma

The Order
De mémoire d'homme, on n'a jamais autant fumé de clopes en jouant à un jeu. C'est qu'on touche à peine le pad, puisque The Order se vit comme on subit un Z pantouflard, quelque part entre Men in Black et Abraham Lincoln chasseur de vampires. La dinguerie "bis" en moins.

La DeLorean de Rocket League
On s'est rué sur elle parce que quitte à jouer au foot avec une voiture, « autant en choisir une qui a de la gueule ! ». Mais quand on s'est aperçu que tout le monde, et on dit bien TOUT LE MONDE, jouait avec la Delorean sur le PSN, on a commencé à se sentir moins cool. 

And the loser is… Living Da Dream, A Spike Lee Joint (mode carrière de NBA 2K16)
Spike Lee a l'air jouasse, au début de son "joint", de nous présenter le premier mode "My Carreer" entièrement scénarisé et mis en scène par ses soins. On est un peu embarrassé de le voir jouer au Monsieur Loyal du hood, mais bon, on ne voit pas ça tous les jours non plus. Nous prépare-t-il un Malcolm X du basket ? Pas vraiment : notre alter-ego est une sorte de gamin des bas-fonds sans saveur appelé à décrocher le record de la carrière sportive la plus barbante : sélections de quartier, compètes universitaires, championnats pro (on s'arrêtera d'ailleurs aux portes de la gloire, comme si Lee avait eu la flemme)… Le tout dans un univers qui évoque une parodie des chroniques d’ascension sociale à la Spike. Living Da Dream ? Une sorte de cauchemar.

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Meilleur remède au mass-murder

Splatoon
Nintendo s’invite dans le genre très fréquenté du shooter on line avec un titre qui lui ressemble : mignon, ovniesque, légèrement subversif. Dans une arène, jusqu’à huit joueurs se dégomment et s’aspergent à coups de pistolets à peinture bleue, verte, orange, violette… Avec un peu de plateforme et de stratégie par-dessus pour faire joli. Un paintball céphalopode ? À part Nintendo, franchement, qui d’autre ?

Life is Strange
Dès qu’un coup de feu est tiré, on a le choix de rembobiner l’action et d’éviter le drame. Dès qu’une arme à feu est en vue, les enjeux augmentent et la peur s’installe. Les auteurs de Life is Strange n’en font pas une croisade mais ne s’en cachent pas non plus puisque l’action se déroule sur un campus en Oregon et puise largement dans l’inconscient américain de la violence de masse. Un jeu qui milite en faveur du contrôle des armes ? Original. 

And the winner is… Just Cause 3
Au coeur de l'armurerie virtuelle de 2015, pas spécialement chiche rayon kaboom, c'est finalement un grappin qui nous aura permis de faire le plus de dégâts. Un sens de l'ironie mordant et un art du game design dû aux équipes d'Avalanche, qui ont su transformer un simple outil de déplacement en machine à faire péter. Rangez les lances roquette et les kalachs au feeling pas fameux (c'est d’ailleurs fait exprès) pour profiter des joies du harponnage à distance. Accrochez les miliciens au toit d'une bicoque de fortune, à un réservoir explosif ou à une vache qui passait par là, et profitez du spectacle. Si vous tuez à la mitraillette, c’est que vous tuez mal. 

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DLC de l’année

Destiny – Le roi des corrompus
On ne donnait pas cher du MMO FPS de Bungie, conçu pour durer dix ans et déjà exsangue au bout de quelques mois. Son DLC maousse a rebattu les cartes d'un coup d’un seul : nouvelle interface, zones de combats gigantesques, refonte des classes… Bien joué les gars, plus que neuf ans à tenir !

The Witcher 3 – Heart of Stone
On a observé CD Projekt gérer la sortie du jeu, les bugs, les updates à répétition,  avec une adresse inouïe. Que préparaient-ils pour leur premier DLC ? Pareil, une sorte de leçon de DLC. Contenu copieux (quinzaine d’heures), ajouts de gameplay, expansion du monde… Et surtout cette sensation de jouer à un nouveau jeu, un autre jeu à l’ADN propre, caché à l’intérieur du grand. Pas une deuxième passe. Une redécouverte.       

And the winner is… Evil Within - The assignment
On venait de recommencer le jeu en mode "new game +". Nos pétoires étaient upgradées à leur max, nos skills super affutés. Venez goûter à mon fusil à pompe les zomblards, même pas peur ! C'est donc imprégné d'une certaine confiance en soi qu'on se lançait dans ce premier DLC, avant de réaliser qu'il ne s'agissait plus désormais de faire parler la poudre mais de trouver la meilleure cachette. La confiance s’est fait la malle. On est seul, dans le noir, une balle dans le chargeur, des bestioles dans chaque recoin de la pièce. Notre arsenal est obsolète, nos skills aussi. Ils sont déjà en train de nous courser. Mamaaaaaan !!!

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Jeu de l'année

Rocket League
On se moquait des jeux de foot, on en avait marre des courses de tutures, et voilà que Rocket League nous apprend qu'on rêvait en fait d’une combinaison hérétique entre les deux. Le meilleur jeu en ligne de l'année prouve que la route est longue pour devenir un kakou digne de ce nom.

Bloodborne
La peur peut-elle devenir un élément de gameplay ? Oui, répond From Software avec son presque-chef d'oeuvre tendance gothique flamboyant. Ce n'est pas que ce soit si complexe, c'est plutôt que, pour la première fois depuis notre découverte de Resident Evil, on a dû apprendre à dompter la frousse (et les rats géants) pour progresser dans le jeu.

And the winner is… The Witcher 3 : Wild Hunt
Le temps de lire cette notule, c'est le temps qu'il faut, dans The Witcher 3 pour monter sur votre fidèle Ablette et faire une centaine de pas (dans le monde roturier de Geralt of Rivia, on compte en pas), une action à peu près aussi insignifiante à l'échelle du jeu que celle de tuer un Nekker ou de coucher avec une courtisane. C'est le propre d'un gameplay par essence existentiel : la répétition et la routine montrées, non pas telles que, mais comme constitutives d'une vie de mercenaire compétent. The Witcher 3 est une simulation de professionnel de la même manière que les films de Hawks étaient des films de (sur des) professionnels. Patiente, méticuleuse, hyper spécifique. Puissamment romantique.

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