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Le Festival de Cannes et ses films, ses surprises, ses désillusions, ses stars, son glamour et ses paillettes...On vous dit tout dans le journal Cannois de Première.fr.Lundi Biutiful d’Alejandro Gonzalez Inarritu : 3 ans après Babel, il revient sans son scénariste des 3 films précédents, avec une histoire linéaire qu’on peut interpréter ainsi : un homme (Javier Bardem) qui a souffert de l’absence de son père, apprend qu’il n’a plus que quelques mois à vivre, et entreprend de donner tout ce qu’il peut à sa femme (cintrée) et ses enfants, avant qu’ils deviennent orphelins. En même temps, il est rattrapé par ses activité douteuse (il exploite des immigrés clandestins). Du coup il est accablé à un point invraisemblable, qui nuit à la portée émotionnelle du film, par ailleurs supérieurement réalisé à tous les niveaux .Avec Outrage, Kitano revient au film de gangsters avec une histoire qui montre comment un incident mineur met le feu à une guerre des clans destructrice. Kitano innove dans tous les domaines, tourne en scope, travaille les effets sonores, multiplie les dialogues et fait appel à un ensemble d’acteurs totalement nouveaux. Facilement son meilleur film depuis plus de dix ans. A la quinzaine, L’année bissextile est un film mexicain qui utilise une apparence provocatrice (une liaision SM explicite) pour révèler avec beaucoup de délicatesse le portrait d’une femme complexe à travers ce qu’on devine de ses rapports avec sa famille et la société. Le soir, fête décadente à la plage Chérie Chéri Mardi Tamara Drewe de Stephen Frears, hors compèt', est une comédie rurale anglaise, avec la très chaleureuse Gemma Aterton dans le rôle d’une citadine qui sème la panique parmi un groupe d’écrivains en quête de sérénité dans la campagne anglaise. Frears a déclaré qu’il a accepté de venir à la stricte condition de ne pas être en compétition : il a été juré il y a trois ans et l’expérience l’a dissuadé de jamais y revenir avec un film. En compétition, Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, retrace le parcours des moines massacrés en Algérie dans des conditions obscures. A une quasi unanimité, c’est le premier film palmable de la sélection. Godard est sur toutes les lèvres, ceux qui ont vu son film jusqu’au bout cherchent des périphrases pour dire qu’il a été un très grand cinéaste, et les goguenards utilisent à toutes les sauces l’excuse (« un empêchement de type grec ») qu’il a présentée à Thierry Frémeaux pour justifier son absence. Un des films les plus réjouissants du festival était au marché : Cameraman, the life and work of Jack Cardiff qui retrace la vie de l’un des plus grands chef opérateurs du monde. Ce soir, pour changer, dormir tôt (relativement). Plus que 6 heures avant la projection de presse du lendemain matin. Mercredi Poetry du coréen Lee Chang Dong est un très beau portrait de femme, qui, voyant ses capacités décliner (elle a Alzheimer), cherche les outils appropriés pour s’adapter au monde qui l’entoure. En l’occurrence, son petit-fils est partiellement responsable du suicide d’une lycéenne. Des interrogations apparemment très abstraites (comment écrire un poème) vont permettre au personnage de trouver un langage adapté à ses préoccupations. A la fois simple, subtil et émouvant. My Joy, de l’Ukrainien Sergei Loznitsa risque de dérouter, mais c’est exactement le sujet : un camionneur sort de son itinéraire par hasard et provoque une série d’incidents qui ont l’air décousus et sans lien, mais avec le recul, le tableau général qui se dégage est très cohérent et novateur. Splendidement photographié par le chef-op de 4 mois, trois semaines et deux jours, c’est un film-boucle, un peu à la Mulholland drive, qui demande au spectateur de faire lui-même les liens. Dîner thai, en l’absence de la ministre qui a annulé sa venue à cause des évènements, suivi d’une soirée sur le bateau Arte, en l’honneur de Pierre Etaix dont les films vont enfin ressortir. G.D.