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Olivier Py, 46 ans, acteur, poète, metteur en scène, quitte le Théâtre de l’Odéon dont il était le patron depuis sa nomination en 2007, remplacé par Luc Bondy, 63 ans, l’un des metteurs en scène les plus demandés sur les scènes européennes. L’affaire avait fait, l’an dernier, grand bruit : le Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand n’avait pas souhaité renouveler le mandat d’Olivier Py, en dépit d’un très bon bilan. Il lui a préféré Luc Bondy, suisse, polyglotte, qui devrait faire davantage, selon l’ex-ministre, rayonner le théâtre français en Europe. Après Py le solaire, l’amoureux de la tragédie, de la Méditerranée et des mythes grecs, voici donc Luc Bondy, héritier d’une dynastie théâtrale issue de la Mitteleuropa. Son arrière grand-père était directeur du Théâtre allemand de Prague, et Bondy se plaît à dialoguer avec ses dibbouks (démons en Yiddish) tantôt en allemand, tantôt en français, tantôt en hongrois –sa grand mère vivait à Budapest. Bondy aime le théâtre avant tout par les acteurs, dont il est un remarquable directeur, et les écrivains. De Marivaux à Yasmina Reza, ce sismographe de l’âme humaine sait la faire vibrer sur scène comme un violon. Pour sa première saison, alors qu’il est encore jusqu’en 2013 directeur du Festival de théâtre de Vienne en Autriche, Bondy nous fait partager ses auteurs fétiches : l’Autrichien Peter Handke avec Les Beaux Jours d’Aranjuez, une histoire d’amour suggestive, et Harold Pinter dont il monte Le Retour avec Bruno Ganz, Louis Garrel, Pascal Greggory, Jérôme Kircher, Micha Lescot et Emmanuelle Seigner ! L’affiche en elle même est une promesse de bonheur. De grands metteurs en scène seront aussi de la partie : Robert Lepage avec Jeux de cartes, Claude Régy La Barque le soir, Peter Stein qui monte un Labiche Le Prix Martin, Christoph Marthaler  avec deux productions, Foi , Amour et Espérance d’Horvàth et Meine Faire Dame. Alain Françon reprend Fin de Partie de Beckett, créé la saison dernière à la Madeleine et Jean-François Sivadier retrouve son compagnon Nicolas Bouchaud dans Le Misanthrope. Avec une nouvelle création, Joël Pommerat, c’est décidé, reste associé à l’Odéon. On découvrira aussi un Nosferatu mis en scène par le Polonais Jarzyna. « Je ne veux pas faire de l’Odéon un garage. J’aimerais lancer des propositions à des metteurs en scène et former ici une véritable équipe, une troupe. Je rêve d’une école de la mise en scène. » Luc Bondy aura-t-il les moyens de son ambition et de ses rêves ? Une augmentation de sa subvention a déjà été accordée par le Ministère, « à titre exceptionnel » lui a t-on précisé. Pierre Bergé, Axa et Dailymotion sont les nouveaux mécènes de cette aventure artistique qu’on espère passionnante.Par Hélène Kuttner.