James Bond
Eon Productions

L'heure de Back to mountain approche. Pour patienter, on se penche sur la montagne au 7e art.

Avec ses panoramas spectaculaires, ses ciels bleus, ses pentes si blanches, sa végétation si particulière, la montagne est un formidable décor pour le cinéma. De lieu de villégiature, elle est devenue un écrin parfait pour différents types de cinéma. Alors on chausse ses skis, on enfile ses raquettes, à la poursuite de 007 et de Jean-Claude Dusse.

Back to mountain : un teaser somptueux pour un film vertigineux

1/ Parce qu’on y frissonne (Les rivières pourpres).

C’est sur la commune de Chamonix que l’enquête des Rivières Pourpres se déroule en partie. Plus précisément autour de l’aiguille des Grands Montets et de la Mer de Glace. Les lecteurs de Grangé se souviennent encore de l’histoire :  quand un cadavre est retrouvé perché sur des rochers, au-dessus du campus universitaire de Guernon (une ville imaginaire, située près de Grenoble), Paris envoie un flic solitaire. Parce qu’il est doué, mais surtout pour l’éloigner de la capitale. Ce policier borderline découvre alors une région, rude, escarpée. Un coin surtout où l’on croise de solides montagnards ; des gros bras et des têtes bien remplies. De là à imaginer des théories eugénistes… Kassovitz capture à merveille la périphérie de Grenoble et son ambiance si particulière. Les sommets sculpturaux qui la dominent, les vestiges d’une industrie obsolète qui continuent à l’assombrir, et les eaux du Drac ou de la Romanche, qui passent des sommets à la vallée plus vite que les alpinistes et les téléphériques. L’enquête passe aussi par Annecy (et ses canaux qui lui donnent « des faux airs d’Amsterdam »)… et donne de la montagne une image ténébreuse et inquiétante.

Gaumont

2/ Parce qu’on y rigole - en famille ou entre amis (Les Bronzés font du ski

Alors, ça farte ? La montagne, ce n’est pas seulement ces monts escarpés et ces paysages angoissants. Ce n’est pas que la vitesse, le free-ride ou des vestiges de béton désolés. C’est aussi la vie en collectivité, la descente en chasse-neige, l’ivresse de l’altitude (et du bon vin) ou les nuits d’attentes sur le télésiège (vous nous avez compris). Bref, c’est aussi les stations d’altitudes conviviales, l’ambiance village, les soirées mousse, l’alcool de crapaud, la fondue savoyarde et… la crêpe Gigi. Un lieu de villégiature et l'arène du sport-roi. Dans Les bronzés font du ski, Patrice Leconte fin sociologue, troussait une satire du Français en vacances (sa vacuité, sa mesquinerie, son ridicule) et utilisait le cadre d’une super station (Val d’Isère en l’occurrence) pour raconter les petits bonheur et les désagréments des sports d’hiver. Les chutes, les remontées mécaniques bloquées, le moniteur assommant, l’avalanche, la randonnée vouée à l’échec, le gite promis aux pires promiscuités… Oui, mais dans la joie et la bonne humeur : c’est quand même à Val D’Isère que la « Folie douce » a été lancé !


 

3/ Parce que c’est un terrain de « jeu » parfait (la saga James Bond)

James Bond sans une séquence à la neige ? Et pourquoi pas sans vodka martini ou sans sa DB5 tant qu’on y est ! Normal après tout : le ski c’est la vitesse, le danger, l’élégance. En un chiffre, 007. Et s’il faut attendre 1969 pour que Bond chausse des spatules (Au service secret de sa majesté), à partir de là les scènes de poursuites à ski vont faire partie intégrante de la saga. Plusieurs d'entre elles sont d’ailleurs devenues mythiques. Parmi les meilleurs moments de glisse bondiens, on retiendra la poursuite du Monde ne suffit pas. Pierce Brosnan et Sophie Marceau en skis sont pourchassés par des tueurs à gages en motoneiges. Tournée à Burzier, petite station de Haute-Savoie, la séquence met habilement en valeur cet environnement encore sauvage, propice à toutes les sensations fortes et qui permet d’exhiber le flegme alpin de l’espion britannique (même si sa combi trop serrée lui donne un petit côté 90s et féminin). Saut de bosses, slalom entre les pins, grenades dégoupillées qui explosent les pistes… C’est un festival d’action, de dérapages et de godilles. Pour l’anecdote, c’est la championne de ski acrobatique Candice Gilg qui avait joué les doublures pour Sophie Marceau. Deux ans avant, Brosnan passait déjà ses vacances à la neige, mais dans les Pyrénées. A Peyragudes pour être précis, où furent tournées les images impressionnantes du pré-générique de Demain ne meurt jamais. Explosions, survol par des avions de chasse, fuite dans des montagnes qui paraissent coupées du monde… les images tournées dans les Pyrénées alliaient réalisme et majesté. Très, très impressionnantes. 


 

4/ Parce que c’est un décor qui décuple les émotions (Belle et sébastien et Malabar Princess) et 

La montagne c’est aussi la contemplation, et, de fait, un écrin idéal pour transmettre des sensations. Prenez Belle et Sébastien. On connaît par cœur l’histoire de cette belle amitié entre un chien et un petit garçon. Mais ce qui fait la force du récit, c’est le cadre.  Les toitures en ardoise, les ruelles d'un vieux village en pierres, la montagne rousse que l'hiver couvre de neige… C’est l'immensité des paysages alpins qui donne de l'oxygène à cette intrigue réduite à quelques émotions très simples. Dans son adaptation cinéma, Nicolas Vannier avait choisi de filmer en plan très large. Il captait de manière vibrante les plaines fleuries, la roche qui affleure dans les prairies, les torrents qui grondent. On entrait dans le récit avec cet aigle aux ailes déployées, qui semblait sortir de l'écran et invitait le spectateur à changer d'air. 

Idem pour un autre film montagnard, Malabar Princess. Inspiré d’un fait divers réel (le crash du Malabar Princess, un avion indien, dans le massif du Mont Blanc), le film raconte l’histoire d’un enfant qui cherche à retrouver sa mère disparue. Face à l’immensité montagnarde (le film fut tourné entre Chamonix, Argentière et La Plagne), la tristesse de ce petit garçon résonne avec l’immensité des paysages. La dureté des monts, leur blancheur immaculée, met en relief le désarroi de l’orphelin recueilli par un grand-père bourru mais aimant…