Denzel Washington - Un modèle américain : du triomphe de Glory à son influence sur Black Panther
TriStar/Netflix/Warner Bros./Buena Vista International/Disney

La star de Malcolm X et de Training Day est à l'honneur, ce dimanche sur Arte.

En octobre, la septième chaîne planifiait une soirée spéciale Denzel Washingtonen proposant USS Alabama, le classique d'action de Tony Scott se déroulant à bord d'un sous-marin puis un documentaire inédit consacré à l'acteur intitulé Denzel Washington, un modèle américain. Rebelote ce dimanche, mais avec un autre film incontournable de sa carrière L'Affaire Pélican, dont il partageait l'affiche avec une autre star hollywoodienne, Julia Roberts. Cette adaptation d'un best-seller de John Grisham par Alan Pakula a connu un grand succès au début des années 1990.

L'histoire ? Deux juges de la cour suprêmes connus pour leurs sympathies écologistes, sont retrouvés assassinés. Le président charge le FBI et la CIA d'enquêter en commun sur l'affaire. Le professeur d'université Thomas Callahan qui connaissait très bien l'un des deux juges assassinés, demande à Darby Shaw, son étudiante, de constituer un dossier sur le double-meurtre. Elle découvre alors que le président de la république en personne serait intervenu en faveur d'un lobby pétrolier auquel étaient opposés les deux juges.

Voici sa bande-annonce :


En 1999, Julia Roberts présentait Coup de foudre à Notting Hill dans Première

Le docu captivant consacré à Denzel sera rediffusé ensuite, à 23h05, et il est déjà visible en replay. Il dépeint en détails comment il a su se construire une carrière exemplaire à Hollywood, en n'hésitant pas à faire revivre des sujets historiques forts, des drames racontant l'histoire américaine en ne cachant pas ses travers, à commencer par le traitement des Noirs-Américains au fil des siècles. Dès Glory, qui lui a valu l'Oscar du meilleur acteur en 1989, il ravive la mémoire des soldats noirs durant la Guerre de Sécession. Pour Malcolm X , le film de Spike Lee dans lequel sa performance est particulièrement intense, il s'implique de manière exceptionnelle, préparant son rôle du militant américain mort assassiné durant une année entière. Sa sortie coïncide trois ans plus tard avec les émeutes éclatant dans les quartiers pauvres de Los Angeles, la jeunesse se révoltant contre les mauvais traitement de la police. 

Le docu raconte comment, grâce à ces rôles marquants faisant écho à leur époque, il a pu ensuite incarner des personnages écrits pour des acteurs blancs (dans Philadelphia ou L'Affaire Pélican, par exemple), qu'il n'a pas hésité à retoucher, imposant notamment de ne pas montrer à l'écran de relations amoureuses passionnées entre lui et une comédienne blanche - à ce propos, il est aussi intéressant de constater à quel point il a souvent refusé à jouer de son sex-appeal à l'écran. Veillant à ne jamais sombrer dans les clichés, il a aussi tenu à ne pas être sans cesse ramené à ce statut de comédien noir à succès, s'emportant par exemple quand on l'a trop comparé à Sidney Poitier, avant de clamer son amour pour lui, autant l'homme que l'artiste. Sa relation ambigüe à cette image d'exemple, qui a pu servir d'excuse dans ce système hollywoodien manquant d'inclusion, est dépeinte avec brio par Sonia Dauger, connue pour un autre docu, Les Bleus une autre histoire de France, diffusé en 2016 sur France Télévisions.


D'Equalizer à Training Day : Denzel Washington en sept bottes secrètes

Denzel Washington - Un modèle américain montre justement comment sa carrière a basculé vers davantage d'ambiguïté, au tournant des années 2000, en acceptant notamment un rôle inoubliable d'anti-héros, celui du flic corrompu de Training Day - d'ailleurs, mieux vaut l'avoir vu avant de découvrir ce portrait, qui s'intéresse longuement à sa scène de fin ! Ses personnages plus sombres, du trafiquant de drogues d'American Gangster, de Ridley Scott (2007), au pilote alcoolique de Flight, de Robert Zemeckis (2012), un rôle pour lequel il avouait à l'époque avoir "dû se mettre à poil", apportent de la richesse à sa filmographie. Tout comme ses projets en tant que réalisateur (Antwone Fisher, The Great Debaters, Fences et A Journal for Jordan), qui racontent tous un pan méconnu de l'histoire américaine et lui tiennent particulièrement à coeur. Une complexité que l'on retrouve aussi hors écran : au milieu des années 2000, il s'engage publiquement aux côtés de Barack Obama, alors qu'il tentait jusqu'alors de rester loin de la politique, et sa défense du travail des autorités au moment où le pays se déchire suite à la mort de George Floyd, étouffé par des policiers, a fait beaucoup de bruit, en 2020. 

Ce portrait complet montre enfin comment il est devenu Denzel, tout court, une figure adorée par la jeune génération, qui ne cesse de le citer. Son influence sur Black Panther fut notamment majeure, et revoir Chadwick Boseman le remercier d'avoir financé ses études quand il a décelé son potentiel d'acteur illustre parfaitement la place à part que s'est faite Denzel Washington à Hollywood. Avec juste ce qu'il faut d'émotion pour rendre la séquence inoubliable.

Pourquoi Denzel Washington est éternel