Fabrice Luchini, submergé par un désir qui va le perdre dans La Fille de Monaco [critique]
Warner Bros. France

Louise Bourgoin a fait craquer l'acteur en 2008, et elle revient ce soir sur Arte.

Bertrand (Fabrice Luchini), avocat d'assises. Brillant. Médiatique. Volubile. Cultivé. Cérébral. Compliqué. Pas très très courageux. Aime les femmes, surtout pour leur parler. Fraîchement arrivé à Monaco pour y assurer la défense d'une meurtrière septuagénaire. 
Christophe (Roschdy Zem), agent de sécurité chargé de la protection de Bertrand. Franc. Direct. Taciturne. Sportif. Etudes interrompues en cinquième. Aime les femmes sauf pour leur parler. Admire chez les autres la culture et la maîtrise du langage qui lui font défaut.
Audrey (Louise Bourgoin), présentatrice météo sur une chaîne câblée à Monaco. Ambitieuse. Culottée. Sexy. Incontrôlable. N'a pas du tout l'intention de réciter le bulletin météo pendant longtemps. Comprend assez mal le sens de certains mots, notamment "limites", "tabous", et "scrupules".
Il aurait mieux valu que ces trois-là ne se rencontrent pas...

Il sera question d'amour, ce soir sur Arte. La chaîne programme d'abord La Fille de Monaco, d'Anne Fontaine, puis Conte de printemps, d'Eric Rohmer. Deux films que la rédaction vous conseille.

Didier Roth-Bettoni était tombé sous le charme du premier lors de sa sortie au cinéma, en 2008. Voici sa critique :

Sous des apparences nickel, presque guindées, les films d’Anne Fontaine serpentent toujours les passions les plus troubles. Petits ou grands bourgeois sans fantaisie, ses personnages bien sous tout rapport n’en finissent pas moins par plonger à pieds joints dans les gouffres qui les habitent. C’est ce que l’on appellerait ailleurs le « retour du refoulé », tant il est évident que ce sont leurs frustrations trop longtemps contenues qui les poussent vers ces abîmes. Après Charles Berling (Nettoyage à sec), Fanny Ardant (Nathalie...) ou Isabelle Carré (Entre ses mains), c’est au tour de Fabrice Luchini d’être submergé par un désir qui va le perdre. En dépit de tout, et notamment des clichés qui encombrent son récit, la réalisatrice signe une sorte de suspense psychologique qui ne manque pas d’élégance. Sa plus belle réussite est sans doute d’avoir su jouer avec brio du contraste saisissant entre la lumière qui inonde les décors de la Côte d’Azur et l’opacité des caractères qui s’y agitent.