Jusqu’ici tout va bien, Les Éternels, Marie Stuart, reine d’Écosse : les films au cinéma cette semaine
Mars Films/Ad Vitam/Universal

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

JUSQU’ICI TOUT VA BIEN ★★★☆☆
De Mohamed Hamidi

L’essentiel
L’histoire de Jusqu'ici tout va bien est simple : pour échapper à une sanction pour fraude fiscale, le patron d’une agence de com’ parisienne doit déménager ses bureaux et ses employés dans le pire quartier de La Courneuve. Lorsqu’il débarque là-bas, c’est un cauchemar : voitures brûlées, racket à tous les étages… le film va mettre en scène la rencontre entre ce startupeur sûr de lui (Gilles Lellouche impeccable) et un jeune des banlieues vaguement maître chien qui va leur servir de caution et de fixeur (Malik Bentalha, parfait). Asseyez-vous la comédie peut commencer.
Gaël Golhen

 

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PREMIÈRE A ADORÉ

LES ÉTERNELS ★★★★☆
De Jia Zhang-ke

Exit Ash is purest white (« la cendre est d’un blanc très pur »). Le beau titre anglais a disparu, pour laisser place à une version française moins flamboyante. Pourtant, Les Éternels résume peut-être mieux le projet du cinéaste. Les éternels, c’est ce couple à l’écran. On est en 2001. Lui est un caïd, elle sa compagne rebelle. À partir de là, s’ouvre une chronique de seize ans rythmée sur trois périodes, qui raconte comment ils s’aiment et se séparent, comment ils se retrouvent et se déchirent, sans jamais pouvoir vivre l’un sans l’autre.
Gaël Golhen

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SANTIAGO, ITALIA ★★★★☆
De Mohamed Siam

La simple irruption du grand Moretti dans le documentaire attise forcément la curiosité du cinéphile qui essaiera de trouver ici ce qui subsiste du style, de l’intelligence et de l’humour du maestro, dont le récent Mia Madre est encore dans toutes les têtes. Le sujet même du film interroge aussi, puisque revenir sur le coup d’État militaire du général Pinochet et l’installation de la dictature militaire au Chili en 1973, paraît, sinon anachronique, du moins répétitif, puisque les événements en question ont été moult fois traités au cinéma (voir, par exemple, tout le travail de Patricio Guzman). Alors ? Tout y est.
Thomas Baurez

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APPRENTIS PARENTS ★★★★☆
De Sean Anders

Pete et Ellie, un couple d’Américains working class comme on n’en voit que dans les films (joués par Mark Wahlberg et Rose Byrne, ils retapent des maisons en chemise à carreaux et boivent du vin blanc), décident d’adopter un ado, et les voilà avec trois enfants sur les bras : deux petits et leur grande soeur de 15 ans, Lizzie, plutôt duraille... Avec un tel pitch, on pouvait s’attendre au pire et, pourtant, Apprentis parents est une extraordinaire surprise : une superbe comédie dramatique, une vraie, extrêmement bien écrite, jusque dans ses moindres détails et ses seconds rôles (les séquences au centre d’adoption avec les indispensables Tig Notaro et Octavia Spencer sont brillantissimes), qui fait penser à un film oublié des frères Farrelly. Apprentis parents part des clichés (les ados relous, les parents maladroits) pour les transcender. C’est bien beau, tout ça.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

NICE GIRLS DON’T STAY FOR BREAKFAST ★★★☆☆
De Bruce Weber

Le photographe et documentariste Bruce Weber applique à Robert Mitchum le traitement qu’il avait réservé à Chet Baker dans le mythique Let’s get lost : écrin jazzy, noir et blanc sépulcral, évocation biographique diffractée, témoins de luxe (Johnny Depp, Clint Eastwood, Marianne Faithfull...). Construit autour d’images de l’acteur tournées par Weber au début des années 90, Nice girls don’t stay for breakfast érige un totem au grand Bob, ici croqué tour à tour en sex-symbol irrésistible, dinosaure machiste, rebelle sans cause, vieux cabot fatigué de toujours rejouer le même numéro. Le film ne parvient pas à retrouver la beauté crépusculaire tétanisante de Let’s get lost, certes, mais comment refuser de passer 1h30 à s’égarer dans des volutes cinéphiles aussi délicieuses ? Une capsule temporelle pour gourmets nostalgiques.
Frédéric Foubert

THE REPORTS ON SARAH & SALEEM
★★★☆☆
De Muayad Alayan

C’est une histoire d’adultère en apparence banale : la patronne d’un café et un de ses livreurs. Sauf qu’elle se déroule à Jérusalem, que cette femme, mariée à un officier, est juive et son amant palestinien. La révélation de leur aventure va susciter des dommages collatéraux bien plus importants que la mise en danger de leurs couples. Une accusation de trahison, non d’un conjoint mais d’un camp : Israël d’un côté et la Palestine de l’autre. Pendant plus de deux heures, le film mêle brillamment drame passionnel et thriller politique en faisant de Jérusalem un personnage à part entière, où deux communautés cohabitent mais dans un rapport de force et de justice largement défavorable aux Palestiniens. On saisit mieux pourquoi elle est devenue capitale de l’État hébreu. Le tout sans succomber à la facilité manichéenne. Un exercice d’équilibriste de haute tenue.
Thierry Chèze

WARDI
★★★☆☆
De Mats Grorud

À l’heure où les camps de réfugiés font régulièrement la une de l’actualité, ce premier film impose un regard dénué de sensationnalisme sur les dramatiques déplacements de population. Il évoque la “Nakba” -terme arabe désignant l’exode des Palestiniens au lendemain de la guerre israélo-arabe de 1948- à travers les yeux d’une fillette d’aujourd’hui installée au Liban dont l’arrière-grand-père vécut l’enfer des camps et de l’exil. Joli mélange d’animation de marionnettes (pour le récit au présent) et d’animation traditionnelle (pour les flashbacks), Wardi est une bonne introduction, tendre et cruelle à la fois, à l’adresse de la jeunesse pour comprendre l’état de notre monde.
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

MARIE STUART, REINE D’ÉCOSSE ★★☆☆☆
De Josie Rourke
Le premier film sur Marie Stuart (reine de France et d’Écosse au XVIe siècle) a déjà 100 ans. Depuis, une demi-douzaine de films portent son nom avec notamment Katharine Hepburn ou Vanessa Redgrave dans le rôle-titre. Malgré cela, pour son premier long, l’ex-directrice artistique du théâtre Donmar Warehouse n’a pas eu peur de se frotter à ce personnage mythique.
Thierry Chèze

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JEUNE BERGÈRE ★★☆☆☆
De Delphine Détrie

Petit paysan avait, par le biais de la fiction, brillamment raconté le quotidien épuisant, toujours sur un fil et au bord du précipice, du monde agricole. Telle est aussi la noble ambition de Delphine Détrie à travers son premier documentaire pour le grand écran, centré sur Stéphanie une jeune mère célibataire parisienne qui a tout quitté pour réaliser son rêve et vivre plus près de la nature, en Normandie. Là, où à la tête de son troupeau, elle a vite découvert les joies (ne plus avoir de patron…) et les grandes difficultés (les voisins pas forcément bons camarades, la pression financière…) de son nouveau job. Jeune bergère se révèle un portrait débordant d’une empathie enveloppante qui en constitue à la fois sa force et ses limites. Car Delphine Détrie oublie trop souvent de re-contextualiser les choses, d’aller au-delà de la simple captation de ce quotidien, comme un Depardon y parvient si brillamment dans Profils paysans. Son Jeune bergère laisse donc une impression d’inachevé.
Thierry Chèze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

CELLE QUE VOUS CROYEZ ★☆☆☆☆
De Safy Nebbou

En adaptant le roman de Camille Laurens, Safy Nebbou s’ouvrait sur le papier un territoire imaginaire infini. Celui offert par son héroïne, une quinqua (Juliette Binoche) qui, pour épier son amant, se crée un faux profil sur les réseaux sociaux et y devient une femme de 24 ans, dont tombe amoureux le meilleur ami (François Civil) de son amant. Débute alors une histoire de séduction qui devra tôt ou tard se confronter au passage du virtuel à la rencontre. Soit une promesse de romanesque, hélas, jamais tenue. Comme si Nebbou coupait les ailes de son récit dès qu’il peut s’envoler. Comme s’il tenait à le replacer dans des rails terre à terre (les allers-retours chez une psy...) au lieu de laisser une folie douce à la Spike Jonze prendre le pouvoir. Ce trop-plein de cartésianisme tue dans l’oeuf un récit trop scolaire dont le plus passionnant reste les promesses envolées en fumée.
Thierry Chèze

ESCAPE GAME
☆☆☆☆☆
De Adam Robitel

Qui prétend que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ? En voici le parfait contre-exemple. Prenez un zeste de Saw et une pincée de Destination finale. Plongez le tout dans l’univers du jeu d’évasion hype du moment et confiez-en la cuisson à un réalisateur habitué à accommoder les restes (le cinquième Paranormal Activity, le quatrième Insidious). Vous obtiendrez certes un film rentable, intrigant dans la mise en place du jeu... mais vite décevant car piégé – à l’image de ses six personnages plongés dans un escape game avec 10 000 $ à la clé – par l’enfer des passages obligés de ce type de films. À commencer par le défilé des traumas de chacun, censé expliquer pourquoi un vilain démiurge les a réunis pour ce jeu à la vie à la mort. Plus Escape Game avance, plus l’effet de surprise s’évapore jusqu’à une conclusion abracadabrantesque. Game over.
Thierry Chèze

 

Et aussi
Casting de Nicolas Wackerbath
Rhythm Section de Reed Morano
Sang froid de Hans Peter Molland

 

Reprises
Les amants du Capricorne d’Alfred Hitchcock
Mort à Venise de Luchino Visconti
Rétrospective Michael Cacoyannis
Wargames
de John Badham