Andy Serkis
Hosain Munawar/Startraks/ABACA

Le spécialiste de la motion-capture et co-fondateur des studios Imaginarium s’est exprimé sur les risques de dérives de cette technologie au cinéma.

Les CGI et la performance-capture, ça le connaît : de Gollum dans Le Seigneur des Anneaux à Caesar dans La Planète des singes, en passant par le Suprême Leader Snoke pour Star Wars, Andy Serkis ne compte plus ses rôles de créatures, animaux et extra-terrestres incarnés grâce aux effets spéciaux - et son immense talent. Le réalisateur du prochain Venom 2 et co-fondateur des studios Imaginarium est donc bien placé pour connaître les possibilités de cette technologie… et ses risques.

L’évolution de la performance capture racontée par Andy Serkis

"Dès que votre performance devient une donnée, elle peut être manipulée, retravaillée, remixée, un peu comme pour les samples en musique," soutient Andy Serkis à Screen Daily. "Mais si on peut faire ça, il faut aussi s’interroger sur la propriété intellectuelle. Qui détient les droits de la performance ? Où sont les limites ? La possibilité de rajeunir numériquement des acteurs ou de les ramener à la vie pour un nouveau rôle, ça soulève des problèmes sérieux." L’acteur et réalisateur n’hésite pas non plus à soulever le dilemme éthique : s’il est possible d’incarner n’importe qui grâce à la performance-capture, alors la diversité risque d’en prendre un coup dans les castings : "Il serait possible pour un acteur de couleur de jouer Abraham Lincoln et pour moi, un homme blanc, de jouer Martin Luther King. La question est de savoir si c'est éthiquement correct. La diversité est extrêmement importante alors je peux comprendre que le sujet soit sensible."

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C'est effectivement un gros enjeu de cinéma : Martin Scorsese a rajeuni numériquement Robert De Niro et Al Pacino dans la saga mafieuse The Irishman (le 27 novembre sur Netflix), tandis qu'Ang Lee fait affronter à Will Smith son double version jeune dans Gemini Man (en salles le 2 octobre). Mais la résurrection assistée par ordinateur n’est pas non plus en reste et l’exemple le plus frappant restera celui de Carrie Fisher dans Rogue One : A Star Wars Story. Le cinéaste nous avait déjà donné son avis sur le sujet en juillet 2017 : "Ressusciter des acteurs morts nous entraîne dans un débat moral. Mais ce n’est pas si différent de sampler de la musique, ou de rajouter un nouveau beat à un morceau de jazz. Si les propriétaires des droits sont OK, alors tout va bien. Il faut que cela serve l’histoire, que cela ne soit pas gadget.

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