40 ans d'Alien
UFD

On fête les 40 ans du film culte de Ridley Scott. Culte ? Pas vraiment à l’époque de sa sortie en salles où de nombreuses critiques avaient été féroces à son encontre.

Alors que Ridley Scott planche actuellement sur un énième prequel d’Alien, le troisième en réalité après Prometheus en 2012 et Covenant en 2017, le premier film de la saga, Le huitième passager, souffle sa quarantième bougie. Si aujourd’hui Alien est un hit culte de la science-fiction, et pour certain de l’horreur, certaines critiques avaient eu la dent dure lors de sa sortie en 1979, comme nous l’apprend nos confères du Monde dans une revue de presse.

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Le New York Times, désigne le long-métrage comme un "film d’épouvante à l’ancienne", dézinguant au passage le Xénomorphe en le qualifiant de "machin" dont le seul ressort scénaristique repose sur le jump scare. "[L’alien] est prompt à vous sauter dessus quand vous vous y attendez le moins." L’emblématique journal dénote aussi la ressemblance entre la créature et les monstres des séries B fantastiques des années 50, à l’image de L’étrange créature du lac noir, en ces termes : "Il fut un temps où ce genre de machin appartenait à une veille maison obscure, un marais (…)" Sorti à l’aube des années 80, Alien souffrait également à l’époque d’une comparaison facile et rapide avec deux poids lourds du genre, 2001, l’odyssée de l’espace et Star Wars 4 – Un nouvel espoir, tous deux respectivement sortis en 1968 et 1977. Un raccourci un peu racoleur de la part du New York Times, accusant Ridley Scott de vouloir surfer sur la tendance d’alors, "les films dans l’espace."

De son côté, Variety loue avant tout l’aspect esthétique du film, qualifiant les décors de "très réalistes." Pour ce qui est de l’histoire on repassera : le magazine accordant ses violons sur ceux du New York Times en relevant lui aussi l’aspect de divertissement "à l’ancienne." Alors que pour l’imminent critique Roger Ebert, qui travaillait à l’époque pour le Chicago Sun-Time, celui-ci n’était rien de plus qu’"une histoire lambda de maison hantée dans l’espace." Et si le personnage emblématique d’Ellen Ripley, incarné avec dévotion par l’impériale Sigourney Weaver et entré depuis au Panthéon des personnages phares de la pop-culture, The Guardian ne trouve rien d’autre que de la qualifier de "regardable." Quand la plupart des autres médias de l’époque ne parle même de sa performance à l’écran.

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En France le film se fait également étriller par la presse. Notamment par Le Nouvel Observateur taclant par derrière l’œuvre de Ridley Scott : "(…) Un produit aseptisé" dans lequel le monstre "se comporte en vieil habitué du Grand-Guignol et du Train fantôme." Avant d’enfoncer le clou en désignant Alien, le huitième passager comme une oeuvre de "fantaisie puérile." Ouch. L’un des rares irréductibles gaulois à défendre le long-métrage à sa sortie était Le Monde. Le journal, enthousiaste, saluait notamment la tension habitant le film en allant chercher dans les peurs primaires du spectateur : "(…) une efficacité remarquable et un sens du spectacle qui ne l’est pas moins."

Face au déferlement de critiques assassines ou timorées à l’encontre d’Alien, le huitième passager, Le Monde est finalement seul contre tous. Vraiment tout seul ? Pas si sûr… Nous nous sommes nous aussi replongés dans nos archives. Première n°31, le visage impérial de Marlon Brando époque Apocalypse Now sur la couv’. Dans les colonnes de ce numéro, nous avions choisi notre camp : "L’admiration, la séduction, l’enthousiasme, l’étonnement… autant de qualificatifs qu’on a envie d’appliquer à Alien (…)" Notre journaliste expliquait également que Ridley Scott s’affirmait "définitivement comme un remarquable cinéaste" qui avait su "éviter tous les pièges de la technologie de pacotille."

Au vu du statut culte de l’œuvre à l’heure actuelle, on se dit qu’on avait eu le pif pour miser sur le bon cheval, ce qui ne fut pas vraiment le cas pour le premier Rocky comme en témoigne cette critique rétro. Dans l’espace personne ne vous entendra crier. Ou critiquer.