Les réactions à la tribune du producteur et distributeur Vincent Maraval continuent. Le boss de Wild Bunch avait publié un texte polémique vendredi où il fustigeait le salaire des acteurs français, trop élevé à causes des vices du système d'aide public au cinéma, dans les colonnes du  Monde. Et c'est dans ce même journal qu'est publiée la dernière réaction en date d'une personnalité, en l'ocurrence Jérôme Clément, ancien directeur général du Centre national de la cinématographie (CNC) de 1984 à 1989 et ancien président d'Arte.Sous le titre "Vive l'exception culturelle !", Jérôme Clément critique fortement les arguments et les conclusions de Vincent Maraval : il est accusé de transformer les acteurs en "boucs émissaires", car "ils ne sont pas riches de l'argent public"."Ce n'est certainement pas FTV [France Télévisions, NDLR] et Arte qui pèsent financièrement sur le "star system" mais plutôt TF1, Canal+ et M6 qui exigent les fameux acteurs têtes d'affiche, les si bien nommés "bankable", dans les films qu'ils coproduisent. Est-ce de l'argent public ? Non. Est-ce rentable ? Oui : les multiples diffusions de ces mêmes films permettent aux régies publicitaires d'engranger de sérieuses rentrées financières."De plus, Maraval compare le salaire des acteurs français et américains, ce qui est une erreur : "on ne peut pas comparer la rémunération d'un acteur français et celle d'un acteur américain, car ces deux économies du cinéma sont radicalement différentes, évoluant dans des environnements règlementaires spécifiques", explique Clément. "Et de ce fait, le partage des recettes ne correspond pas à la même logique financière." Dans la même logique, "il n'est pas honnête" de dire que les films français coûtent plus chers que les films US : "Il faut comparer les films d'une même catégorie : les films d'auteur français ont un coût moyen de production environ 3 fois inférieur à leurs équivalents américains, c'est-à-dire celui des films indépendants. Le coût moyen d'un film américain "normal" est 5 à 6 fois supérieur à son équivalent français."Pour revenir sur la polémique des subventions, "le cinéma français ne repose pas sur une économie de plus en plus subventionnée", continue Clément. "Nos films ne peuvent se satisfaire du seul marché en salles, trop étroit. La diffusion à la télévision est devenue vitale et, à ce titre, la relation entre la télévision et le cinéma a été régulée. Les moyens dégagés par FTV, Arte, TF1, M6 et Canal+ pour le cinéma ne sont pas des subventions mais des moyens mis en commun : c'est un jeu gagnant-gagnant pour les deux parties car les films, à force de diffusion, s'amortissent très bien à la télé."Enfin, Clément affirme avec force que Maraval se trompe ("L'insuffisance de la capacité d'analyse peut s'excuser, pas la mauvaise foi systématique") en disant que les films français sont des échecs : "ne pas tenir compte de leur vie économique à la télévision est un non sens absolu. Il suffira de donner les recettes publicitaires des multiples diffusions à venir de Sur la piste du Marsupilami, d'Astérix, des Seigneurs, de Stars 80, etc., pour comprendre que ce système est économiquement sain et rentable."Jérôme Clément termine en déclarant que chaque acteur du monde du cinéma français "doit faire attention aux budgets, aux rémunérations et aux équilibres économiques" mais que la priorité doit être donnée à relever les nouveaux défis de la technologie et de la mondialisation plutôt qu'à la dénonciation.Les premières réactions à la polémique sur le salaire des acteurs (réactualisé)