Julianna Margulies
Abaca

Rencontre avec l'actrice, jurée du festival Séries Mania.

Après avoir été invitée à Séries Mania il y a deux ans, Julianna Margulies est de retour au festival en tant que jurée. La star d'Urgences, The Good Wife et Dietland s'est confiée aux journalistes sur le tournage compliqué de sa nouvelle mini-série The Hot Zone et le refus de CBS de lui laisser reprendre son rôle dans The Good Fight. Première y était.

Que pouvez-vous nous dire sur The Hot Zone, qui sera diffusée en mai prochain sur National Geographic ?
On y raconte les origines de la propagation du virus Ebola, à travers les yeux de mon personnage, le docteur Nancy Jaax. Le scénario est basé sur une histoire vraie, qui s'est déroulée en 1989. Et rien n'a changé depuis : la maladie décime encore des villages entiers, notamment en République Démocratique du Congo. Plus de 800 personnes sont mortes d'Ebola depuis août dernier. Mais l'Europe et les Etats-Unis ne font rien car ils estiment qu'il s'agit d'un problème purement africain. 

C'est aussi la première fois que vous jouez à nouveau un médecin depuis Urgences...
Je crois que c'est une histoire très importante, c'est pour ça que j'ai accepté. J'ai joué dans une série médicale pendant six ans et il y a une raison pour laquelle je n'ai pas rejoué une infirmière ou un médecin depuis : le jargon médical, c'est super dur à rendre naturel quand on n'y connaît rien ! Je ne veux plus avoir à dire de dialogues médicaux, jamais ! Et pour The Hot Zone, j'ai dû porter une combinaison de protection hermétique qui me rendait totalement claustrophobe. J'avais deux ventilateurs dans le dos pour pouvoir respirer et avec le bruit que ça faisait, je ne m'entendais même pas parler. Après le tournage, j'ai dit à mon agent que si même Martin Scorsese m'appelle et me propose cinq millions de dollars pour faire un film avec lui en combinaison de protection, je refuse !

Seriez-vous partante pour un épisode spécial d'Urgences et rejouer Carol Hathaway une dernière fois ?
Mais je l'ai déjà fait ! Avec Georges Clooney, on est revenu en 2009. Et c'était très sympa, on s'est beaucoup amusé. Mais c'est fini. Il y a tellement de gens qui imaginent de nouvelles choses, pourquoi se tourner vers le passé ?

The Good Wife s'est terminée en 2016 mais son spin-off The Good Fight est actuellement à l'antenne. Vous n'avez jamais eu envie d'y faire un petit tour ?
J'ai essayé. Mais CBS ne veut pas me payer mon cachet. Je ne plaisante pas. Les créateurs, Robert et Michelle King, avaient une super histoire en trois épisodes. Mais la chaîne n'a pas voulu me payer ce qu'ils me payaient à l'époque sur The Good Wife. Pourtant la série existe grâce à la mienne. 

Mais pourquoi refusent-ils de vous payer autant qu'avant ?
Demandez-leur. Je n'en sais rien. Ils m'ont dit que ça créerait un précédent. Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Il n'y a pas d'autre Good Wife. Et ça donnerait envie à tellement de nouveaux téléspectateurs de regarder The Good Fight... Je leur ai dit : "Si Jon Hamm ou Kiefer Sutherland voulaient revenir dans Mad Men ou 24 Heures Chrono, je suis sûre que vous n'auriez pas de problème à les payer normalement. Allez, bye". J'étais choquée, plus surprise que blessée. Qu'est-ce qui a de la valeur pour ces gens ? D'autant plus à l'époque de Me Too ? Ils savent que je ne suis pas sur Twitter et que je ne vais pas balancer publiquement, mais je vous laisse le faire ! J'ai appelé les King, ils étaient désolés. Mais on retravaillera ensemble, tout arrive pour une bonne raison. 

Avec la profusion de nouvelles séries qui arrivent tous les mois, est-ce plus facile pour vous de trouver un bon rôle ?
Pour moi certainement, parce que je suis bien établie dans le milieu. Mais l'époque fait que c'est plus compliqué pour les jeunes acteurs et actrices. Ce qui me rend triste, c'est que les studios se basent surtout sur le nombre de followers sur Twitter plutôt que le talent...  Si quelqu'un fait une super audition et qu'un executive se rend compte que la personne n'est pas sur les réseaux sociaux, elle n'aura pas le rôle. Ca me rend folle, je suis triste pour eux.

Vous avez des envies de réalisation ou d'écriture de scénario ?
La réalisation me m'intéresse pas vraiment Je ne sais pas si c'est fait pour moi. Concernant l'écriture, j'essaie. Rien de très bon pour l'instant (Rires.)

Qu'avez-vous de prévu dans les mois à venir ?
J'ai deux séries en prévision, de dix épisodes à chaque fois, dont une que je produis. Ca s'appelle War Torn et ça parlera de la vie des premières femmes journalistes au Vietnam, qui étaient sur les lignes de front. J'aime beaucoup le rôle de productrice, c'est génial d'être moins exposée, de me contenter de répondre au téléphone et de donner des conseils sans avoir à me préoccuper de ce à quoi je ressemble. Et puis peut-être qu'après aujourd'hui, CBS va me proposer quelque chose (Rires.)