Pourquoi le début de la saison 8 de Game of Thrones laisse dubitatif

Un tiers de la saison finale s'est déjà écoulé et un sentiment de léthargie flotte étrangement dans l'air.

Parce qu'entre amis on peut tout se dire et que chez Première, nous sommes des amis de Westeros de longue date, ne tournons pas autour du pot  : le début de la saison 8 de Game of Thrones n'est pas tout à fait à la hauteur des attentes. Un doux euphémisme, pour caractériser l'étrange sentiment de déception dominant, après la diffusion des deux premiers épisodes de la saison 8.

Depuis le temps qu'on l'attendait, elle est enfin là. Et pourtant, c'est comme si cette saison finale n'avait pas encore vraiment commencé. Deux heures se sont déjà écoulées et il faut bien l'avouer, il ne s'est pas passé grand chose dans les 7 Royaumes. Bien sûr, on ne peut pas dire qu'on s'est ennuyé. Parce qu'on ne s'ennuie jamais vraiment avec Game of Thrones. On ne peut pas dire non plus que Weiss et Benioff se sont loupés, parce que Game of Thrones n'est jamais vraiment mauvais. Mais quand on prend un peu de recul, et qu'on analyse l'énorme buzz précédant le lancement de cette huitième saison, il y a de quoi être dubitatif. Clairement, on est loin de la claque espérée. On nous promettait six épisodes comme six films de télévision exceptionnels. On se contente pour l'instant d'une lente mise en bouche relativement convenue et mono-thématique.

Avant que la boucherie ne commence, les auteurs se sont retrouvés face à un dilemme un peu idiot : comment faire pour boucler les intrigues de tous ces personnages, alors qu'ils attendent leur dernière heure ? Comment caser toutes ces retrouvailles, ces réconciliations, avant qu'il ne soit trop tard ? Leur réponse consiste en une mise en scène de saynètes affectueuses, l'une succédant à l'autre : Jon retrouve Arya. Jon retrouve Tormund. Arya retrouve le Limier. Arya retrouve Gendry. Sansa retrouve Theon. Jaime retrouve Brienne. Jaime retrouve Bran. Jaime retrouve Tyrion. Et ainsi de suite.

On comprend bien que les auteurs de Game of Thrones ont été obligés de finaliser les petites histoires annexes, celles des héros secondaires, avant d'en tuer une bonne partie durant la bataille de Winterfell à venir. D'ailleurs, cela donne quelques moment magnifiques, comme l'adoubement de Brienne ou le (court) procès de Jaime Lannister. Il n'empêche, la manière dont les embrassades et les pardons se succèdent à la chaîne aboutit à un premier chapitre aux airs de : "Ça, c'est fait !"

Tout arrive dans l'ordre, comme prévu, de la prise de pouvoir compliquée de Daenerys à Winterfell, à l'hostilité attendue de Sansa Stark, en passant par l'arrivée de la Golden Company à King's Landing, jusqu'à la révélation de la parenté de Jon Snow. Peu de surprises. Pas de twist. Et surtout plus aucune joute politique (ou presque), à l'image d'un Tyrion Lannister dont on nous rabâche la brillance d'esprit, histoire de compenser le fait qu'il n'a, en gros, plus rien à faire pour l'instant dans la série ! Seule Sansa semble désormais incarner cette molécule diplomatique, pourtant essentielle à Game of Thrones.

Et l'étrange idylle entre Jon et Dany n'aide pas à déniaiser cette saison 8. Il n'y a absolument aucune alchimie entre Kit Harington et Emilia Clarke. Impossible de croire que la Reine des Dragons et le Roi du Nord sont réellement tombés amoureux durant la saison 7, tant leur relation semble artificielle. A l'image de cette improbable balade à dos de dragon, aussi grotesque sur le plan visuel (deux ans d'attente pour des effets spéciaux aussi pauvres, c'est quand même surprenant de la part de Game of Thrones), que sur le plan de la mythologie (si les Targaryen sont les seuls à pouvoir monter sur des dragons, pourquoi Daenerys invite-t-elle Jon à monter sur Rhaegal ?).

Ce début de saison 8 n'a tout simplement pas réussi à intégrer la révélation de l'héritage de Jon. Un secret que les téléspectateurs connaissent déjà depuis des années, mais qui a quand même servi de chute à l'épisode 1... et à l'épisode 2 ! Sans que cela ne génère, par ailleurs, une réaction à la hauteur du choc. Les auteurs de Game of Thrones n'ont clairement pas su faire péter leur bombe parentale dans ce vaste bordel décousu que forment les deux premiers épisodes.

Elle a fait pshiiit. Tant pis. Maintenant que le hors d'oeuvre a été avalé, la série peut avancer. On peut passer à la grande bataille. Le combat pour Winterfell saura, espérons-le, faire entrer cette saison 8 de Game of Thrones dans une autre dimension. La dimension dantesque et historique qu'on nous avait promis. Il serait temps. La série se termine dans quatre épisodes.