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Une histoire à dormir debout et quelques bons moments au milieu.

Momentum ultime des revival en folie à la télé US, le retour de X-Files vient de s'achever après une mini-saison 10 en six épisodes, pour le moins déconcertante. D'accord, les audiences ont été impressionnantes (et offriront certainement une suite à Chris Carter). Oui, les fans purs et durs ne boudent pas leur plaisir sur les réseaux sociaux. Bien sûr, nous aussi, on a été gagné par un doux sentiment de nostalgie en retrouvant Mulder et Scully à l'écran. Mais après un final assez improbable, il faut bien se l'avouer : ce come back aux affaires non-classées laisse une drôle d'impression. Attention spoilers !

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La faute d'abord à l'intrigue "fil rouge" absolument désespérante, qui a ouvert et conclu ce revival. Un véritable fourre-tout conspirationniste, servi d'entrée par l'invraisemblable Tad O'Malley (Joel McHale). La pilule a été franchement dur à avaler : désolé, mais toutes les théories sur les Aliens, imaginées par Mulder pendant les 9 premières saisons, étaient fausses. S'il y a bien eu un crash à Roswell, il a en fait servi de base à une gigantesque conspiration humaine, qui manipule toutes les organisations mondiales, dans l'ombre, depuis un demi-siècle (dans un but assez incompréhensible).


L'idée est louable, sur le papier, de vouloir s'appuyer sur un twist imprévisible, pour faire le lien entre le passé et le présent. Mais l'écriture de Chris Carter est bien trop brouillonne pour tenir la route. Le montage n'a pas aidé non plus et quand on sait que la Fox a remélangé l'ordre des épisodes, juste avant la diffusion, on comprend mieux pourquoi quelques pièces du puzzle manquent inexplicablement (mais par quel miracle Mulder et Scully ont-ils réintégré tout à coup le FBI ?). A l'évidence pressé par le timing (six épisodes, c'est vraiment court) et une irrésistible envie de faire plaisir à tout le monde, Carter a confondu vitesse et précipitation, en balançant tout de go cette histoire d'ADN Alien, de virus "Spartan", d'extermination globale et d'élus choisis pour survivre, mixés aux traditionnels "monstres de la semaine".

Alors que la série avait l'habitude de prendre son temps, pour éplucher ses mystères, une couche après l'autre, la mythologie de cette dixième saison va vite, beaucoup trop vite en besogne. Et elle perd ainsi une bonne partie de son identité, en cédant à la tentation sensationnaliste. Force est de constater que l'ambiance sibylline et anxiogène de la grande époque a fait place à un Gloubi-boulga complotiste bas de gamme, qui n'en finit plus de s'auto-référencer, et devient une parodie (involontaire) d'elle-même.

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Pourtant, il y a encore du bon dans X-Files. Les épisodes "standalone" intermédiaires, sans lien avec le fil rouge central, ont su nous réjouir, par instant. L'épisode 3, écrit par Darin Morgan, avec son impayable monstre des bois et ses hilarants clins d'oeil à la série originale, est un vrai bijou d'humour. Sans aucun doute le meilleur de ce revival. L'épisode 4, "Home Again" (par Glen Morgan) a aussi offert quelques jolis moments de frayeurs avec son monstre-détritus. Et l'introduction des deux Mulder et Scully en herbe (Miller et Einstein) ne manque pas de malice.

Mais au final, le constat global est morose. La sensation que ce revival, pourtant préparé pendant un an, a été bâclé. Chris Carter a certainement voulu trop en faire, compte tenu du temps imparti : renouveler la mythologie, raconter des histoires de monstres, raviver la flamme entre Mulder et Scully, tout en ramenant un maximum d'anciens persos (on parle du rôle improbable de Monica Reyes dans le final ?). Tout ça en six petits épisodes. La barre était trop haute.