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Depuis août dernier, Serge Moati filme les coulisses de la campagne présidentielle dans Elysée 2012, la vraie campagne. Sur les pas des candidats, des entourages et des militants : un vrai feuilleton à suivre ce soir à 22h50 sur France3 ! Télé 7 jours l'a rencontré.

Depuis août dernier, Serge Moati filme les coulisses de la campagne présidentielle dans Elysée 2012, la vraie campagne. Sur les pas des candidats, des entourages et des militants : un vrai feuilleton à suivre ce soir à 22h50 sur France3 ! Télé 7 jours l'a rencontré. Ce n’est pas un professionnel de la politique. Cette candidature à la présidentielle, "elle est tombée sur moi, parce que je suis un ouvrier qui s’est battu pour empêcher la fermeture de son usine." Devant les militants, Philippe Poutou, candidat pour le NPA, lit son discours mot à mot, rivé à son texte. Rien à voir avec Olivier Besancenot, rompu à l’exercice, qui lui succède à la tribune, clamant son discours avec virulence. Alors que les caméras sont tournées vers le facteur, Serge Moati dirige son objectif ailleurs. Gros plan sur le regard admiratif de Philippe Poutou pour son "aîné". Un instant fugace au cours duquel le politique devient résolument humain, loin des codes de la communication. Une image inédite, de celle que l’on ne voit pas au JT. Des séquences que Serge Moati et ses équipes, sur les pas des candidats, des lieutenants et des militants, collectionnent depuis le mois d’août.Des hérosAux conférences de presse officielles, le cinéaste préfère les coulisses. Comme cette réunion de la "cellule riposte" de l’UMP chargée d’étudier les enquêtes d’opinion et d’établir la communication du parti. Muni d’une petite caméra, il s’immisce dans les bureaux des caciques, au sein d’une réunion publique ou sur un marché avec un militant de la droite populaire."Il n’y a pas d’images volées. On ne piège personne. Aucune volonté non plus d’être ironique avec les politiques. Le petit journal de Yann Barthès le fait avec intelligence. Nous, nous sommes dans le témoignage. Filmer la politique autrement, éviter le "tous pourris" et, à travers cette campagne, tracer le portrait de la France en 2012." Les héros de ce feuilleton du réel s’appellent Jean-François Copé, Jean-Marie et Marine Le Pen, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon... "Nous portons un regard bienveillant sur l’espèce humaine. Être dans l’empathie, tout en évitant la connivence" explique Serge Moati.De l’émotionCette empathie, Serge Moati la revendique. Elle devient parfois source d’émotion. Les premiers pas hésitants d’Eva Joly, le trac de Jean-Luc Mélenchon avant de prononcer un discours, la tristesse du clan de Ségolène Royal après sa défaite aux primaires... "Il m’arrive de pleurer et je ne m’en cache pas, avoue Serge Moati. Je me souviens, à la fête de l’Humanité, avoir été  bouleversé par le visage d’une militante fixant la caméra. La lumière était magnifique. Je ne souhaitais qu’une chose : que ce moment s’éternise. J’adore filmer la ferveur populaire. On a le droit d’être touché, ému... Nous ne sommes pas des machines."Des tensionsPas de tutoiement, garder une certaine distance, ne pas montrer les images tournées... Les règles sont établies, et acceptées. Tous les partis ont accepté d’ouvrir leurs portes. Le Parti socialiste un peu moins. Qu’importe ! Serge Moati poursuit sa campagne. À ce jour, 400 heures de rush s’empilent sur son bureau. Il pourrait y en avoir plus mais, parfois, les portes se ferment. "On nous demande de sortir d’une réunion, de ne pas filmer telle scène. La première fois, je fais semblant de ne pas entendre, dit-il en riant. À la deuxième injonction, je quitte les lieux. Tout repose sur un rapport de confiance. C’est un équilibre fragile. "Eva ROQUE du magazine Télé 7 jours