Chicas

Surfant sur les thèmes de la maturité féminine, de la séduction et des cicatrices familiales, Yasmina Reza ne parvient pas à faire un film d’un argument théâtral. Dans sa construction même, Chicas n’évite pas certaines errances et manque cruellement de rythme. L’utilisation des films de famille tombe à plat, tel un exercice de style forcé, avec passage en super-8 pour symboliser la nostalgie
d’une enfance perdue. Restent, au final, quelques moments qui sonnent juste : Emmanuelle Seigner hésitant entre deux robes de soirée ;
l’excellent Bouli Lanners pontifiant sur les règles de copropriété... Des intermèdes réussis mais sans véritable liaison entre eux.

Emmanuelle Seigner, Valérie Dréville, Christèle Tual sont lumineuses dans leur folie ordinaire. On attend déjà le prochain film de Yasmina Reza.

Si ce premier film n'évite pas toujours les facilités du théâtre filmé, Yasmina Reza emporte quand même le morceau avec ses fulgurances narratives. L'enfance de l'"Art" en quelque sorte.

En France, un auteur de théâtre qui passe derrière la caméra, c’est une histoire vieille comme Sacha Guitry. Avec Yasmina Reza, l’entreprise prend un tour contemporain. Et la démarche, un parfum singulier et fort : parce que l’auteur d’Art est une signature unique; parce que son regard aiguisé et parfois drôle sur la vie de tous les jours était, sur le papier, une bonne matière première pour le grand écran. Avec Chicas, adapté d’une de ses pièces, Yasmina Reza livre un film accessible et, à l’occasion, touchant.

Yasmina Reza, qui signe son premier film, apporte à cet épidermique et délicat portrait de famille – et de femmes – son style particulier, tout en nerfs et en ruptures. André Dussollier, dans le rôle du fiancé tendre et rasoir, instille à son personnage une incongruité réjouissante. Carmen Maura est carrément bouleversante. Emmanuelle Seigner, en star rongée par le doute, trouve là un de ses plus beaux rôles.

Le constat de Yasmina Reza est doux-amer, son regard fixé sur les crises de nerfs et la cocasserie de moments de drames. Il s'agit d'un premier film, avec les maladresses souvent inhérentes à ce type d'essai, mais servi par de bons comédiens (on privilégiera Valérie Dréville, Bouli Lanners et André Dussollier). Il s'agit aussi de l'adaptation d'une pièce de théâtre jamais jouée, ce que Yasmina Reza ne cherche pas à esquiver.

Le meilleur, de loin : la confrontation des deux soeurs actrices, l'une de manière sacerdotale, dans le théâtre de création, l'autre en star internationale, dans le cinéma. L'abîme entre elles donne à la première des crises d'angoisse impromptues, spectaculaires, et pour tout dire hilarantes - Valérie Dréville, grande figure des planches, joue cela génialement. Dans la peau satinée de la seconde, qui fait la couv des magazine people, Emmanuelle Seigner est rayonnante, agaçante ce qu'il faut, captivante sans rien faire, bref, la pure actrice de cinéma...

Première expérience au cinéma de Yasmina Reza, auteur-star de théâtre, «Chicas» est un film bancal. Il balance entre des moments très réussis - le couple, la famille - et un montage maladroit qui empêche toujours la mayonnaise de prendre.
André Dussollier, Emmanuelle Seigner, Valérie Dréville et Christèle Tual tirent leur épingle du jeu. Mais ça ne suffit pas.