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A écouter les critiques de Asterix et Obelix au service de sa majesté, la principale réussite du film serait sa fidélité à l’œuvre d’Uderzo et Goscinny. Pour s’en assurer, on est allé demander aux éditions Albert René. Les gardiens du canon gaulois répondent sans langue de bois.

La question est simple : Astérix est-il vraiment adaptable au cinéma ?
Sans vouloir mettre en cause le mérite des adaptations précédentes, le film de Laurent Tirard apporte une réponse plutôt positive. Mais qui dit adaptation annonce forcément une certaine prise de liberté. Par exemple, l’adaptation d’un seul album des aventures d’Astérix répondrait difficilement aux exigences d’un long métrage. L’idée de transposer deux albums (Asterix chez les Bretons et Asterix et les normands) était du coup très judicieuse, d’autant que le travail accompli surAstérix et Obélix au service de sa majestédémontre leur complémentarité. Une bonne adaptation n’est-elle pas une trahison merveilleuse ?

La grande différence sur ce film, c’est que, enfin !, Asterix et Obelix sont les héros…
Vrai ! Jusqu’à présent, les personnages d’Astérix et d’Obélix ont plus souvent été utilisés comme des faire-valoir, rôles qu’ils ont endossés avec succès d’ailleurs. Mais la première condition pour nous,sine qua non, était de remettre les deux personnages en avant. Astérix est un héros très particulier, il est «le passager qui dit au cocher où aller et dirige sans en avoir l’air». Pour lui, tout est dans les mots. L’idée de donner ce rôle à Edouard Baer était du coup très bien vu.

 

Concrètement, vous êtes intervenus dans la conception du film ?
Nous sommes là pour le respect de l’œuvre de René Goscinny et d’Albert Uderzo. Il y a des valeurs auxquelles il ne faut pas toucher et qu’on se doit de promouvoir, même dans le cadre d’une adaptation cinéma. De ce côté : aucun doute ! Le dernier film est le plus fidèle. Nous avons travaillé main dans la main avec Laurent Tirard, d’une façon très confortable - surtout si l’on se rappelle des expériences passées moins… heureuses.

C’est-à-dire ?
Disons que nous étions parfois satisfaits d’un scénario mais pas du résultat final. Vous n’êtes pas sans savoir qu’une comédie se joue beaucoup au montage… Evidemment, il y a eu des discussions – jamais de bagarres.

Et le résultat final, qu’en pensent les gardiens du temple ?
En dehors de notre préoccupation essentielle, que Laurent Tirard a très bien comprise (pour Albert, de même que pour Anne Goscinny, son adaptation est la plus fidèle à la bande dessinée), le film est une réussite. Notez que le match de rugby respecte quasiment l’enchaînement des scènes de la bande dessinée. Par ailleurs, nous sommes particulièrement satisfaits de la fidélité du film aux différents niveaux de lecture des albums, qui satisfait depuis toujours enfants comme adultes. C’est là, l’un des secrets de l’œuvre…
Propos recueillis par Pierre Deschodt