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Le réalisateur d’Alabama Monroe évoque son dernier film, prix à Sundance et qui sort en France en DVD.

Sélectionné dans la compétition consacrée aux films étrangers, Felix Van Groeningen est reparti de Sundance avec le Prix de la Meilleure Réalisation pour Belgica – sorti le 2 mars 2016 dans les salles françaises et ce 6 juillet en DVD. Quatre ans après Alabama Monroe, multirécompensé à travers le monde, Belgica confirme la dimension prise par le cinéaste belge qui filme encore une histoire de famille douloureuse à la portée universelle. On y suit le parcours de deux frères, Jo et Frank, qui décident d’ouvrir ensemble un bar branché dont le succès va les prendre de cours et révéler chez eux des failles béantes. Avec sa caméra en mouvement, ses acteurs à la présence folle et sa bande-son hypnotique (mélange de rock et d’electro), Belgica dégage la même puissance émotionnelle qu’Alabama Monroe et n’a clairement pas volé son prix. 

La belgitude des choses : enquête sur le cinéma belge

Comment vous est venue l’idée de Belgica ?
Il se trouve que mon père a tenu un bar entre 1989 et 2000 qu’il a voulu, à un moment donné, transformer en club. J’ai pu observer la mutation de cet endroit familial en une sorte de « monstre » incontrôlable auquel il a fallu appliquer plus de règles pour freiner le deal et la violence. Il l’a ensuite revendu à deux frères. J’ai fait une sorte de mélange de ces expériences.

La musique est omniprésente dans le film. Comment l’avez-vous « pensée » et mise en scène ?
J’ai travaillé étroitement avec les frères Dewaele de 2 Many DJ’s dont la notoriété est internationale. Ils ont d’abord créé un groupe de rock, Soulwax, avant de basculer dans l’electro où ils font autorité. Dans le film, il se trouve qu’on passe aussi du rock à l’electro, on a donc travaillé sur cette matière musicale avec eux. Ils m’ont notamment aidé à créer des groupes de toutes pièces qu’on voit jouer à l’écran. Notre désir était d’avoir un truc sauvage et fou, créatif et mouvant, très compliqué à imaginer sur le plateau. Tout s’est donc fait au montage avec l’assistant-monteur qui a spécifiquement travaillé deux mois là-dessus.

Le nom du lieu, qui donne aussi son titre au film, fait-il référence à une sorte de Belgique fantasmée ?
Avec mon coscénariste Arne Sierens, l’idée était plutôt d’évoquer une microsociété qui ne serait rattachée à rien. La tentation de faire l’analogie avec la Belgique nous a traversé l’esprit mais elle ne menait nulle part.

Belgica sort dans les salles françaises le 2 mars prochain