Le choix de Première : Cogan killing them softly, d'Andrew Dominik, avec Brad Pitt, James Gandolfini...Synopsis : Lorsqu’une partie de poker illégale est braquée, c’est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère…Adapté du roman Paris Risqués de George V. Higgins.L'avis de Première : « Now fuckin’ pay me ! » La réplique finale de Brad Pitt claque comme un coup de fouet. C’est la morale d’un film noir, cynique et brillant qui est sans doute l’oeuvre la plus politique de l’année. En mettant en scène des petits truands pourchassés par un Brad Pitt gominé, Andrew Dominik dresse le tableau d’une pègre minable, mais brosse surtout le portrait d’une Amérique essorée par les années Bush. Quartiers à l’abandon, villes fantômes, rues désertes… Même les tripots sont miteux. Ce n’est pas un hasard si, pendant que les gangsters taillent le bout de gras (comme le roman, le film tient d’abord sur ses dialogues ciselés), radios et télés enchaînent les discours de Bush, d’Obama ou de McCain. Au fond, ce que raconte Cogan..., c’est que les voyous, comme les classes moyennes, sont victimes du capitalisme sauvage qui ronge tout. Mais comme toujours chez Dominik, il y a plus. Dialogues au cordeau, performances d’acteurs impressionnantes et déflagrations de violence monstrueuses : Cogan..., c’est du cinéma qui éclabousse l’écran, les murs et la rétine. Andrew Dominik est un maniériste qui vient tutoyer les plus grands. Avec un sujet pareil, il emprunte le sentier qui va de Martin Scorsese (Ray Liotta est dans la place) à David Chase (trois Soprano au générique, dont l’énorme James Gandolfini), tout en réussissant l’exploit de créer une oeuvre vraiment personnelle, nourrie par son regard décalé sur l’Amérique et ses mythes. Définitivement un immense cinéaste.Bande-annonce : Choix n°2 : Les mondes de Ralph, de Rich MooreSynopsis : Dans une salle d’arcade, Ralph la casse est le héros mal aimé d’un jeu des années 80. Son rôle est simple : il casse tout ! Pourtant il ne rêve que d’une chose, être aimé de tous… Vanellope Van Schweetz quant à elle, évolue dans un jeu de course , fabriqué uniquement de sucreries. Son gros défaut : être une erreur de programme, ce qui lui vaut d’être interdite de course et rejetée de tous… Ces deux personnages n’auraient jamais dû se croiser…et pourtant, Ralph va bousculer les règles et voyager à travers les différents mondes de la salle d’arcade pour atteindre son but : prouver à tous qu’il peut devenir un héros…Ensemble, arriveront-ils à atteindre leurs rêves ?L'avis de Première : Les Mondes de Ralph confirme, si besoin était, la mainmise de Pixar sur l’empire Disney. Du pitch à la Toy Story, qui imagine les personnages de jeux vidéo avoir une vie autonome, à l’excellence de l’animation numérique, l’influence du studio à la lampe est partout dans ce film officiellement marqué du seul sceau de la firme aux grandes oreilles. C’est évidemment une force : en un tournemain, un univers se crée, débordant de malice et de personnages truculents, l’intrigue file à toute berzingue sans négliger l’aspect psychologique, les trouvailles gaguesques et un surcroît d’émotion. Mais c’est aussi, dans une moindre proportion, sa limite, ce Ralph s’en trouvant réduit à se contenter de son statut d’avatar séduisant, qui peine à égaler – et encore plus à renouveler – la magnificence de ses modèles.Bande-annonce : Choix n°3 : Anna Karenine, de Joe Wright, avec Keira Knightley, Jude Law...Synopsis : Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonc­tionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-­Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Éprit de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n’a d’yeux que pour Vronski. Dévasté, Levine se retire à Pokrovskoïe et se consacre entièrement à la culture de ses terres. Mais le cœur de Kitty est lui aussi brisé quand elle prend conscience, lors d’un grand bal, de l’infatuation réciproque d’Anna et Vronski.Anna, désorientée, rentre à Saint-­Pétersbourg, mais Vronski l’y suit. Elle s’évertue à reprendre sa calme vie de famille mais son obsession pour le jeune officier ne cesse de la tourmenter. Elle s’abandonne alors à une relation adultère qui scandalise toute l’aristocratie locale. Le statut et la respectabilité de Karénine sont mis en péril, le poussant à lancer un ultimatum à sa femme. Dans sa recherche éperdue de bonheur, Anna révèle au grand jour l’hypocrisie d’une société obsédée par le paraître. Incapable de renoncer à sa passion, elle fait le choix du cœur.L'avis de Première : Depuis ses débuts, Joe Wright joue à faire craquer les coutures d’un certain cinéma anglais académique et lisse (Reviens-moi était dans le genre un pur chef-d’oeuvre). On attendait forcément beaucoup de son adaptation de Tolstoï, mais le résultat est très décevant. Pour moderniser Anna Karenine, le drame se joue dans un beau théâtre classique dont les coulisses dévoilent progressivement les rouages de l’histoire, donnant l’impression d’assister à une valse ininterrompue. C’est évidemment sublime, et quelques vrais moments de cinéma rappellent que Wright est un maniériste fou (la danse « ophulsienne » entre Anna et Vronski). Mais ivre de sa propre grandeur, étouffé par son snobisme arty et sa folie conceptuelle, le film tombe vite dans la gratuité de tableaux chic et toc qui désincarnent un mélo convenu en portant un regard ironique sur le genre. Comme si Orgueil et Préjugés, le premier long métrage de Wright, avait été prémonitoire...Bande-annonce :