Mon petit renne - Fiona Harvey
Netflix/Capture d'écran (YouTube : Piers Morgan Uncensored)

"J'aimerais ne jamais avoir mis les pied dans ce bar." Elle s’appelle Fiona Harvey, et elle raconte sa version des faits. Attention, certaines informations risquent de dévoiler des pans essentiels de la série !

Le feuilleton Mon petit renne continue. La série, sortie sur Netflix le 11 avril dernier, raconte comment Richard Gadd, son créateur, scénariste et acteur principal, est devenu la victime d’une femme nommée Martha et qui, pendant plusieurs années l’a harcelé de messages, s’immiscant dans tous les recoins de son existence et allant même jusqu’à l’agresser physiquement et sexuellement. Cette histoire, c’est celle de Gadd. Mais l’artiste l’a plusieurs fois répété, il s’agit avant tout d’une fiction. 

Quelques jours après la diffusion, Gadd avait dû adresser un message à ses fans pour leur demander d’arrêter de spéculer sur la véritable identité des personnages. “Ce n’est pas le but de notre série,” écrivait-il dans une story Instagram relayée par l’une des victimes de ces spéculations. En vain.

Car le mal était déjà fait. Quelques jours plus tard, une femme accordait un entretien au Daily Record en affirmant être la véritable Martha, le personnage que Richard Gadd désigne comme sa harceleuse dans la série. Dans les colonnes du média britannique, cette anonyme déclarait être “la véritable victime”. Et pour cause : après avoir été traquée sur les réseaux sociaux, elle se voyait l’objet de menaces de mort et d’un flot d’insultes de la part “de gens fous sur Internet,” disait-elle encore.

Le créateur de Mon petit renne demande aux fans de ne pas chercher les vrais persos de la série

Aujourd’hui, c’est à visage découvert que Fiona Harvey témoigne. Écossaise de cinquante-huit ans, elle a choisi le plateau de Piers Morgan pour raconter sa version de l’histoire et user de son “droit de réponse” comme l’introduit le présentateur controversé. Un impératif auquel Fiona Harvey estime avoir été forcée :

“Le limier de l'internet m'a retrouvée, m'a harcelée et m'a menacée de mort. Ce n'était donc pas vraiment un choix, j'ai été forcé de me retrouver dans cette situation,” dit-elle en préambule de cet entretien.

Fiona est catégorique. Selon elle, et malgré ce que peuvent en dire Richard Gadd et Netflix, les événements dépeints dans les sept épisodes de Mon petit renne ne sont jamais arrivés. L’humoriste ne l’aurait jamais prise en pitié, elle ne se serait jamais vu offrir de verres ou quoi que ce soit d’autre au bar où il travaillait, ni n’aurait agressé sa compagne ou pris contact avec ses parents. Elle n’aurait jamais été sous le coup d’une injonction d’éloignement ou condamnée à de la prison non plus.

“C'est une œuvre de fiction, c'est une œuvre hyperbolique, comme je l'ai toujours dit. Il y a deux faits réels dans cette histoire : il s'appelle Richard Gadd et il travaillait comme barman [...] au Holy Arms et nous nous sommes rencontrés deux ou trois fois,” raconte-t-elle. 

Quant aux 41 000 mails, 350 messages vocaux, 744 tweets, 48 messages Facebook et 106 lettres envoyés, dont Richard Gadd et Netflix assurent avoir la preuve, tout ça ne serait que mensonge selon elle. “Je pense qu'il les a probablement inventés lui-même,” avance-t-elle.

“L'histoire, la pièce de théâtre et la série de Netflix ne sont pas vraies. [...] En fait, ils mentent. [...] Ils ont construit cette histoire comme une histoire vraie, mais ce n'est pas le cas, ce n'est pas du tout le cas. Même si l'affaire des mails était vraie, le reste ne l'est pas.”

Mieux, “Martha ne peut pas être moi, car un certain nombre d'allégations qui m'ont été faites par des journalistes sont tout simplement fausses,” assure Fiona Harvey.

Mon petit renne
Netflix

Mais alors, pourquoi Richard Gadd aurait-il voulu porter cette histoire à l’écran ? Lorsqu’on lui pose la question, l'Écossaise répond : 

“Je pense qu'il voulait gagner de l'argent. Je pense qu'il s’est attaqué à quelqu’un qui avait déjà un passif, avec cet article sur le harcèlement. Le harcèlement est à la mode, aller en prison est à la mode. Que disent les écrivains ou les professeurs d'anglais ? Écrivez sur ce que vous connaissez.”

Dans l’article auquel Fiona Harvey fait référence, Laura Wray, membre du Parlement, accusait cette dernière de comportements inappropriés alors qu’elle était une employée de son cabinet juridique. Des accusations que Fiona Harvey nie en bloc. Pour elle, Richard Gadd est tombé sur ce papier et en a fait le point de départ du spectacle Baby Reindeer (2019), dont est adaptée la série.

Pour cet homme qu’elle dit n’avoir que très rarement côtoyé (elle raconte ne l’avoir rencontré que cinq ou six fois), Fiona Harvey n’a que des mots durs : “Je pense qu'il est psychotique [...]. Je trouve ce comportement scandaleux,” dit-elle, allant même plus tard jusqu'à le traiter de “psychopathe”.

“Je pense qu'il a toujours voulu que cela sorte, pour persécuter quelqu'un, pour détourner l'attention de lui et de cette allégation de viol, et je pense tout simplement qu'il a des problèmes psychiatriques extrêmes,” ajoute-t-elle.

Des problèmes que Gadd, ou plutôt Donny, sa persona fictionnelle, attribue à Martha dans la série.  

“Il devrait regarder un peu plus près de chez lui, de lui-même, comme quelqu'un qui a besoin d'aide, réagit Fiona. Je pense qu'il a toujours eu [une mauvaise santé mentale]. Qu'il y ait eu un viol présumé, que ce viol ait été réel ou qu'il ait été conçu dans son esprit, je pense que cela l'aurait rendu encore plus malade.”

Méfiez-vous de Mon petit renne

C’est effectivement ce qu’explique le créateur dans la série, qui a surtout pour objectif d’analyser comment un traumatisme subi des années auparavant a pu bouleverser sa psyché à tel point qu’il n’a pas su réagir et se dégager de la relation malsaine qu’il entretenait avec Martha. Mon petit renne est la catharsis de Richard Gadd.

“Le phénomène s'est répandu si rapidement dans le monde entier que je ne m'y attendais pas, à bien des égards,” disait-il sur le plateau de l’émission This Morning. D’ailleurs, sans promotion, le succès de la série a surpris beaucoup de monde. Il semble que du côté de la production, personne ne s’attendait à ce que cette histoire provoque un tel engouement, et que la réaction des fans soit de chercher à savoir qui était la vraie Martha, même s’ils auraient pu s’en douter. D’où l’intervention du comédien sur Instagram.

Mais pour Fiona Harvey, ce message ne vaut rien : “J'ai vu le titre, c'était partout sur la BBC il y a deux semaines et pendant quatre jours. [...] C'est un peu fort de café, n'est-ce pas ? Les fans continuent de spéculer”. “De la part de quelqu'un qui se dit désolé pour moi, je n'ai reçu aucune excuse,” dit-elle encore.

Mon petit renne
Netflix

D’ailleurs, victime de menaces et insultes en tout genre, l’Ecossaise ne compte pas en rester là. Elle explique être en train de s’organiser pour porter plainte contre Richard Gadd, Netflix, le Daily Mail et “tous ceux qui disent que cette histoire est vraie et [la] harcèlent”.

Elle s’adresse finalement à ceux qui remettront sa version des faits en doute :

“Je pense que vous devriez regarder le nombre d'articles que Richard Gadd et Jessica [Gunning], l'actrice, ont rédigés et la façon dont Netflix et lui ont fait la promotion de ce projet. Je pense que vous devriez le regarder dire que je suis une sorte de malade mentale et juger par vous-même, parce que je ne peux pas vous faire changer d'avis, je peux juste réfuter ce qui a été dit. Vous devez vous faire votre propre opinion, mais mon opinion est faite, c'est un menteur. Et mes amis disent la même chose.”

Pourquoi Mon petit renne cartonne sur Netflix