Toutes les critiques de Inju, la bête dans l'ombre

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Dernière en date des nombreuses adaptations au cinéma du romancier japonais Edogawa Ranpo, Inju... est une histoire à chute qui, sur une heure, aurait fait un très bon épisode d’Alfred Hitchcock présente. À la place, Schroeder a développé, sur près de deux heures, l’enquête d’un romancier français prétentieux qui espère rencontrer au Japon son maître à penser – un écrivain à succès dont l’identité n’a jamais été dévoilée. Benoît Magimel, à côté de la plaque, n’était pas un choix idéal pour incarner un intellectuel français qui se fait aider dans ses recherches par une femme fatale. Dans ses meilleurs moments, Inju revisite un registre SM que Barbet Schroeder a autrement mieux exploré dans Maîtresse. Au pire, il tombe dans le piège qui consiste à compliquer une intrigue initialement simple. Lorsque la chute arrive, elle déçoit : trop peu, trop tard.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Avec Inju, Barbet Schroeder plonge Benoît Magimel dans un Kyoto entre fantasmes et réalité pour une nouvelle lecture théorique sur l'emprise du mal et les pièges de l'intelligence. Un thriller dénudé et déroutant mais risqué.Le parcours imprévisible mais cohérent de Barbet Schroeder est une intrigue en soi. Jamais là où on ne l'attend, chaque film est une nouvelle occasion pour démêler ses thèmes, avec en ligne de mire, cette constante fascination pour le mal et les monstres trop humains qui l'incarnent. Pour la première fois au Japon, Schroeder choisit d'adapter l'un des maîtres du roman noir nippon, Edogawa Rampo. Une légende dont les intrigues ambigües et perverses doivent elles-mêmes à un autre génie dont il s'inspire et tire son pseudonyme, [people rec="0"]Edgar Allan Poe[/people]. Drôle de film que ce Inju, où après une belle séquence introductive donnant les clés de l'oeuvre à venir (un film dans le film, une illusion), Schroeder suit benoit magimel en auteur de polar fasciné par le maître japonais du genre, Shundei Oe. Un personnage nimbé de mystère, inaccessible, invisible, et dont le français, qui a l'audace de prétendre le dépasser, va devenir la cible. Embarqué pour Kyoto, le film se construit donc comme une enquête où le romancier détective et naïf, se fait happer par l'objet de sa propre fascination. Moins manipulé par son rival qu'enlisé dans ses préjugés et les pièges de l'intelligence, il se perd dans un monde de fantasmes où la fiction devient réalité.Le film déplie ainsi sans cesse des références à l'exotisme nippon (geishas, bondage, yakuza, séquence SM), pour mieux enfermer son personnage dans un univers de clichés en trompe l'oeil. Sur ce terrain là, de l'illusion, Schroeder tente d'éliminer les contours du scénario afin de rendre l'intrigue secondaire. Du thriller, il efface les complexes contorsions narratives pour se focaliser sur une lente dérive épurée. Dénudant un à un les habituels fils conducteurs du genre, Schroeder prend donc le risque de décevoir ou dérouter. Construisant son polar mental avec une simplicité d'exécution troublante, il opte pour une transparence habile et étrange mais plutôt payante au final. Laissant son récit s'enliser, Magimel s'égarer (son jeu lourdaud en totale adéquation avec le personnage), il donne au film un rythme singulier et une plastique artificielle qui prolonge de belle manière la lecture théorique du film. Ce petit exercice n'en reste pas moins dangereusement équilibré tant le dosage est volatile. Il faut s'accrocher pour déceler dans ce jeu presque abstrait sur l'emprise les menus moments qui lui donnent sa cohérence. Le final du film est à cette image, une révélation ponctuée d'un éclat de rire diabolique et presque parodique qui vaut comme l'aveu de sa propre évidence. Inju, la bête dans l'ombreDe Barbet SchroederAvec Benoit Magimel, Lika Minamoto, Shun SugataSortie en salles le 3 septembre 2008Illus. © UGC Distribution - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils film policier, japon sur le blog cinéma- Barbet Schroeder sur Flu : lire la critique de La vierge des tueurs et L'Avocat de la terreur