Toutes les critiques de La légende de Beowulf

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    Dans La Légende de Beowulf, la magie digitale fait que les corps, les objets et le point de vue sont affranchis des lois de la physique sans que l'oeil s'en étonne. Dans le dossier de presse, Zemeckis explique qu'il a voulu garder l'empreinte des contraintes de la prise de vues, et de fait sa mise en scène respecte la division en plans et n'utilise qu'avec parcimonie les effets vertigineux (glissades, changement d'échelle). Cette retenue (relative) contraste avec la brutalité des personnages, des dialogues. Scénaristes et metteur en scène, protégés par leur talisman numérique, s'autorisent des libertés, des paillardises qui - en prises de vues réelles - leur auraient valu, aux Etats-Unis en tout cas, quelques soucis avec la censure. Cette accumulation de contradictions technologiques et artistiques fait de La Légende de Beowulf un film hybride au modernisme un peu monstrueux. Et c'est un récit venu du fond des âges qui assure au film sa cohérence et sa force dramatique.

  2. Pour les petits Anglais la légende de Beowulf c’est un peu l’équivalent de la Chanson de Roland. Une histoire pas très grand public de prime abord. Et pourtant… Les deux facétieux scénaristes de Zemeckis ont réussi avec brio leur campagne de démocratisation de cette légende transformant au passage le grand héros épique en héritier direct de Conan le Barbare. Il y a donc de la baston au programme de cet irréprochable film d’animation car Beowulf comme le faisait avant lui le Pole Express exploite la technique de « motion capture » pour ne retenir des comédiens que leurs mouvements (ainsi que leur voix bien évidemment). On retiendra notamment le monstre Grendel dont le personnage est en lui même un joyau de laideur et de réalisme rarement égalé. Pour ce qui est de la version 3D, elle est à couper le souffle et enterre largement tous les films en relief sortis récemment.

  3. Le JDD
    par Danielle Attali

    La mise en scène spectaculaire n'arrive pas à réchauffer l'ensemble aussi glacé que les Highlands en plein hiver. La technologie de la performance capture donne plutôt un coup de mou à une histoire assez triste, qui rame comme une vieille galère, malgré la plastique d'Angelina Jolie.

  4. Fluctuat

    Les détracteurs de Robert Zemeckis vont en prendre pour leur grade, La Légende de Beowulf en impose. Grand film épique et tragique où le procédé totalitaire de l'auteur prend enfin forme, Beowulf nous a convaincu par sa radicalité et sa beauté numérique qui ne fait plus l'ombre d'un doute.
    - Exprimez-vous sur le forum cinémaOn sait depuis La Mort vous va si bien que Robert Zemeckis aime beaucoup les effets spéciaux et pas tellement ses acteurs. Depuis le virage radical qu'il a amorcé avec le terrifiant Le Pôle Express, on savait aussi que désormais son cinéma allait tutoyer un accomplissement total par les machines, avec ces comédiens remodélisés sous un puissant vernis numérique. Jusque-là on était sceptique du procédé, mais La Légende de Beowulf fait voler en éclats notre a priori. Zemeckis prouve que son totalitarisme de synthèse a un sens, une valeur esthétique et cinématographique. Allons-y franchement, Beowulf a vraiment de la gueule. Inspiré d'une légende scandinave du VIème siècle racontant l'histoire d'un héros venu libérer un village d'une malédiction dont il deviendra lui-même la victime, Beowulf étonne d'abord par sa radicalité. Fini le conte pour enfant, ici aucun compromis, le film est d'une violence à la hauteur de la barbarie de son époque.Entre les corps qui volent en morceaux, un monstre décharné à la laideur épouvantable, les allusions constantes à la virilité de ces Vikings, le film n'adoucit ni sa représentation ni ses thèmes abordés. Sans doute l'oeuvre la plus dark et torturée de Zemeckis, Beowulf raconte entre deux morceaux de bravoures hallucinants l'histoire d'un homme pris dans les méandres du mensonge et de la culpabilité. Une mystification politique (pour continuer à faire vivre la légende auprès du peuple) et humaine voire métaphysique à une époque où les dieux menacent d'être supplantés par le christianisme. La richesse du scénario, quoique classique, rend honneur au spectacle voulu par Zemeckis. On ne doute plus un instant du procédé tant il prouve sa valeur dans ces combats épiques où une lutte contre un dragon doré atteint même des sommets de lyrisme. Collusion parfaite donc entre l'image (tout ce que le cinéma ne peut faire sans ordinateur) et le récit, qui respecte un esprit Heroic Fantasy sans se contenter de son univers. Parfaitement rythmé du début à la fin, Beowulf est une aventure haletante, parfois sublime, qui nous prouve que l'exploit technique est toujours une question d'esthétique. Pari réussi ? Sans aucun doute. La Légende de Beowulf
    De Robert Zemeckis
    Avec Ray Winstone, Angelina Jolie, Anthony Hopkins, John Malkovich
    Sortie en salles le 21 novembre 2007Illus. © Warner Bros. France
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