Toutes les critiques de Zorn I & II

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    C’est le pape du jazz avant-gardiste. Un extraterrestre musical qui passe sans vergogne du plus radical exercice noise à la plus fluide des mélodies lounges. Zorn I, Zorn II et Zorn III réalisés par Mathieu Almaric, ami et admirateur du musicien, sont trois documentaires puzzles qui captent sur le vif des morceaux de quotidiens et de concerts du saxophoniste fou. Composés à l’origine comme des respirations filmiques diffusées au milieu de ses concerts marathon, ils ont enfin le droit à une sortie salle. Ne vous attendez pas à découvrir la vie de Zorn ou à des entretiens fleuves. Concerts dans des clubs de New-York à Tokyo, voyages en bagnoles, répétitions (le troisième film est centré sur le travail avec la soprano Barbara Hannigan), enregistrements ou post-prod (il faut voir les recordings de l’album Conneries, où Amalric lit les poèmes zutistes de Rimbaud sur des bruits punks)… on découvre Zorn en activité, explorateur infatigable des sons comme de l’âme humaine, toujours sur la brèche, toujours affuté, drôle et inspiré. Ces trois films rappellent au fond que ce qui lie le cinéma d’Amalric et la musique de Zorn, c’est une même obsession pour le rythme, une énergie tellurique et débordante entièrement dévouée à l’art, et un appétit d’ogre pour la vie. Les fans doivent évidemment voir ça. Les autres peuvent commencer par écouter quelques albums du groupe Masada pour se familiariser avec son univers avant de plonger dans cette marmite de sons, de bruits et de fureur.